Dernière mise à jour à 09h27 le 29/04
Le Syndicat des Avocats du Burkina Faso (SYNAF), et la Conférence internationale des barreaux de tradition juridique commune (CIB) regroupant les barreaux de 45 pays francophones, ont dénoncé l'incarcération, lundi dernier, de Maître Mamadou Traoré, ex-bâtonnier Burkinabè dans le cadre des enquêtes du coup d'Etat manqué de septembre dernier.
"Notre indignation est d'autant plus grande que cette arrestation touche avant tout l'avocat, dont l'exercice libre et non entravé de ses missions est une condition sine qua non au respect de l'état de droit", a écrit dans une lettre adressée au président Burkinabè, le Bâtonnier Bernard Vatier, secrétaire général de la CIB.
Depuis le 25 avril, Me Mamadou Traoré ex-bâtonnier a été inculpé et incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction des armées (MACA) pour son implication présumée dans le cadre des enquêtes du coup d'Etat du 16 septembre 2015.
Selon plusieurs sources proches du dossier, il est inculpé pour "atteinte à la sûreté de l'Etat, complicité d'atteinte à la sûreté de l'Etat, coups et blessures volontaires, complicité de coups et blessures volontaires et assassinat".
Le SYNAF, a pour sa part réitéré "l'impérieuse nécessité de poursuivre tous les auteurs, co-auteurs et complices des actes du putsch, dans la stricte légalité".
Le syndicat proteste et condamne dans un communiqué, "le mépris délibéré et inconsidéré des dispositions garantissant la liberté et l'indépendance de l'avocat et du barreau".
Il appelle les avocats à rester sur des positions de lutte dans l'attente des résolutions à venir afin que cessent les violations des règles de procédure, notamment celles qui entravent le libre exercice et l'indépendance du barreau.
Le 16 septembre dernier, les soldats de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont brièvement renversé le régime de la transition, avant d'être défaits par les manifestants et des colonnes de l'armée régulière venues de l'intérieur du pays.
La résistance à ce putsch qui a repoussé la date initiale des élections du 11 octobre au 29 novembre 2015, a fait une quinzaine de morts et plus de 200 blessés.
Après le coup de force, plusieurs personnes soupçonnées d'avoir prêté main forte aux putschistes ont été mises aux arrêts.
Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé et plusieurs officiers militaires, ainsi que des personnalités civiles, sont sous mandat de dépôt dans le cadre de cette affaire.
La justice burkinabè a ordonné début avril la levée du gel des avoirs d'une dizaine de personnes et de formations politiques soupçonnées d'être impliquées dans le putsch raté du 16 septembre, rappelle-t-on.