Dernière mise à jour à 08h52 le 17/10
Un tribunal pénal spécial sera bientôt opérationnel à Bangui pour statuer sur les crimes de sang commis lors des violences enregistrées en République centrafricaine (RCA) depuis 2013, date de la prise du pouvoir de l'ex-coalition rebelle de la Séléka, annoncent les autorités.
Le projet, en gestation depuis 2014, est soutenu par les Nations Unies, qui avaient elles-mêmes créé une commission d'enquête internationale pour examiner ces crimes, objet d'une visite à Bangui au cours de la même année de Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) basée à la Haye (Pays-Bas), à la demande de Catherine Samba Panza, alors présidente de transition.
"La Cour pénale spéciale sera opérationnelle dans les deux semaines à venir, avec la nomination des juges", a affirmé à Xinhua Théodore Jousso, ministre de l'Equipement, des Transports, de l'Aviation civile et du Désenclavement, porte-parole du gouvernement, présent lors d'une rencontre des partenaires techniques et financiers de la RCA tenue mercredi à Yaoundé, au Cameroun.
C'est une juridiction mixte, composée de juges centrafricains et étrangers. Financée par les Nations Unies, elle est inspirée du modèle du Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR), qui avait été créé à Arusha (Tanzanie) pour statuer sur les crimes commis lors du génocide rwandais de 1994.
La RCA est plongée dans la violence après l'offensive lancée fin 2012 par l'ex-alliance de la Séléka dirigée par l'ex-chef de l'Etat par intérim Michel Djotodia contre le régime de François Bozizé, renversé le 24 mars 2013, en dépit d'un accord de partage du pouvoir conclu deux mois auparavant à Libreville (Gabon) sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC).
Un long conflit armé, qui se fait toujours ressentir, a par la suite opposé l'ex-rébellion à dominante musulmane aux milices chrétiennes anti-Balakas fidèles au dirigeant déchu, faisant émerger un climat de tensions entre les deux blocs socioculturels du pays, notamment la majorité chrétienne et la minorité musulmane.
Les Nations Unies estiment à 10.000 le nombre de personnes en majorité civiles tuées lors de cette crise sans précédent.
Parallèlement à la Cour pénale spéciale, le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra examine aussi la mise en place d'une "commission vérité, réconciliation et réparation", inspirée quant à elle du modèle d'un organe similaire créé par l'Afrique du Sud pour panser les plaies de l'apartheid après l'accession au pouvoir de Nelson Mandela en 1994.