Dernière mise à jour à 09h38 le 07/07
Les Etats africains sont appelés au renforcement du statut et du rôle des institutions nationales de médiation dans la résolution des conflits en général et particulièrement en Afrique, ont recommandé jeudi à Bujumbura les assises d'une conférence internationale.
La conférence, portant sur "La paix et le rôle des institutions nationales de médiation dans la prévention des conflits à travers le monde", est rehaussées par la présence de Fozia Amin, présidente de l'Association des Ombudsman et médiateurs africains.
Elle a réuni des délégations des ombudsman/médiateurs ressortissants de dix pays de la région centrale d'Afrique : Burundi (pays hôte), Afrique du Sud, Angola, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Tchad, Ethiopie, Soudan, Côte d'Ivoire et Gabon.
Dans son discours de circonstance, l'ombudsman du Burundi, Edouard Nduwimana, a déclaré que le choix de l'intitulé de cette conférence n'est point le fait du hasard.
"Il est le fruit du questionnement sur le paradoxe qui naît du constat que lorsque la communauté internationale s'engage à contribuer à la résolution pacifique de quelque conflit dans un pays qui en a besoin, elle fait recours tantôt à des hommes politiques, tantôt à d'anciens chefs d'Etat, voire même des chefs d'Etat en exercice, et jamais à un médiateur ou ombudsman attitré", a fait remarquer M. Nduwimana.
Cette pratique, a-t-il ajouté, a comme inconvénient le fait de renfermer des limites au niveau de l'efficacité de ces facilitateurs ou médiateurs porteurs de casquette de politiciens si bien que leur médiation internationale se solde, parfois, par des "résultats biaisés".
Pour M. Nduwimana, le risque encouru par certains pays africains en crise et engagés dans des processus de paix sous l'égide d'une facilitation internationale ou régionale, est que ces médiations "imposées et non sollicitées" sont celles de ceux qui veulent "imposer leurs points de vue ou donner des directives aux parties en conflit".
Face à cette situation, il a estimé qu'il faut promouvoir des facilitations menées sous l'égide d'un ombudsman/médiateur, dans la mesure où celui-ci est rompu à l'expertise "d'écoute empathique, souple, flexible et accessible".
Selon lui, c'est dans le souci de renforcer le statut et le rôle de l'ombudsman/médiateur dans le monde en général et en Afrique en particulier, que l'Institution de l'ombudsman du Burundi a initié cette conférence, afin que les institutions de médiation puissent s'impliquer davantage dans des missions de médiation internationale et de prévention des conflits.
Dans "la déclaration de Bujumbura" sortie au terme des cette conférence internationale, les participants ont recommandé aux gouvernements de "décourager le recours d'office aux médiations extérieures, sauf en cas de conflits entre Etats".
Aux partenaires internationaux, en l'occurrence l'Organisation des Nations unies et l'Union africaine, ces assises ont demandé d'élargir le champ d'action des institutions nationales de médiation.
Ces assises ont recommandé également à l'ombudsman burundais, de rapatrier le dialogue politique interburundais d'Arusha en cours depuis janvier 2016 et placé sous l'égide d'une facilitation régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) conjointement par l'ancien chef d'Etat tanzanien Benjamin Mkapa (médiateur adjoint) et le chef d'Etat ougandais Yoweri Kaguta Museveni (médiateur en chef).
Au cours des trois sessions déjà tenues pour ce dialogue politique interburundais d'Arusha, le facilitateur Mkapa a laissé entendre qu'il espérait le conclure fin juin dernier avec un accord politique entre les protagonistes ad hoc.