Dernière mise à jour à 11h00 le 17/03
La crise au sommet de l'État mauricien opposant la présidente de la République, Mme Ameenah Gurib-Fakim, au Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth, s'est amplifiée ce vendredi 16 mars avec la décision de la présidente de nommer une commission d'enquête sur toutes les affaires découlant de ses relations avec l'homme d'affaires angolais Alvaro Sobrinho.
Réagissant en début de soirée, le Bureau du Premier ministre a qualifié cette décision de "juridiquement nulle et non avenue".
Dans un communiqué émis à la mi-journée, le bureau de la présidence annonce que Mme Ameenah Gurib-Fakim a nommé une commission d'enquête avec Sir Hamid Moollan, Conseiller de la Reine, comme président. Le mandat de la commission d'enquête se décline en 15 points, selon le document de deux pages publié sur la page Facebook du Bureau de la Présidence.
La commission aura pour tâche d'enquêter sur les affaires que contrôle de manière directe et indirecte l'homme d'affaires angolais Alvaro Sobrinho, la fuite de documents bancaires et la conduite de la Présidente relatives aux cartes de crédit émises par Planet Earth Institute.
La publication de ce communiqué survient deux jours après que Mme Gurib-Fakim a fait savoir qu'elle ne comptait pas démissionner de son poste alors que le jeudi 8 mars, le Premier ministre avait déclaré que la présidente lui avait dit lors d'un entretien le matin, qu'elle allait soumettre sa démission après les célébrations des 50 ans de l'indépendance du pays, le 12 mars.
Dans une conférence de presse, jeudi, Pravind Jugnauth s'est dit "choqué" par la "volte-face" de la présidente et qu'il allait révéler "en temps et lieu" d'autres informations sur les "agissements" de Mme Gurib-Fakim. Il a ajouté que le Conseil des ministres de ce vendredi allait discuter de ce cas et agir en conséquence.
Il n'y a pas eu de communication à ce sujet après la réunion du Conseil, le communiqué de la présidence ayant paru entre-temps. Le bureau du Premier ministre a réagi face au communiqué publié par la présidente de la République annonçant l'institution d'une Commission d'enquête, en début de soirée, de façon très dure.
"Le public est informé que cet acte de la Présidente constitue une violation grave de l'article 64 de la Constitution de Maurice", déclare un communiqué du bureau du Premier ministre. Il estime que la décision de la présidence est "juridiquement nulle et non avenue" et que "toute suite donnée par quiconque à cet acte illégal de la présidente sera également nulle et sans effet".
L'affaire remonte au 28 février dernier quand le journal mauricien L'Express a publié en une un article titré "Les folles dépenses de Madame la présidente". Le journal a révélé que Mme Ameenah Gurib-Fakim avait obtenu en mai 2016 deux cartes de crédit en sa faveur en tant que vice-présidente de la fondation Planet Earth Institute (PEI) dont le président est Álvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho, que chaque carte avec une limite de 1 million de roupies (31.250 dollars) vise à encourir les frais de dépenses liées à la promotion de PEI.
Les cartes, selon le journal, auraient été utilisées pour des achats d'articles de luxe dans des boutiques hors taxes à Dubaï et à Maurice et dans une boutique de mode en Italie. L'Express a publié des récépissés des dépenses pour appuyer ses allégations. L'article a suscité un polémique et l'opposition a demandé la démission de la présidente.
Dans un communiqué publié le 14 mars, Mme Ameenah Gurib-Fakim a indiqué être prête à jurer un affidavit pour dire qu'elle n'a bénéficié d'aucun "revenu, salaire, cadeau ou faveur" de la part de Planet Earth Institute durant sa présidence. La présidente de la République ajoute qu'elle a utilisé la carte de PEI "par inadvertance". Elle affirme avoir remboursé les 27.000 dollars qu'elle avait dépensés avec cette carte, il y a un an de cela.