Dernière mise à jour à 10h20 le 17/03
La Russie a annoncé le 16 mars qu'elle expulserait des diplomates britanniques et suspendrait les réunions de haut niveau avec le Royaume-Uni dans une confrontation de plus en plus globale contre l'empoisonnement d'un ex-espion par un agent neurotoxique, mais elle n'a pas précisé qui sera expulsé. Le porte-parole du Président Vladimir Poutine a déclaré que l'on pouvait s'attendre « sous peu » à une réponse russe à l'expulsion de diplomates russes par la Grande-Bretagne, qu'il a accusée de violer le droit international et le « bon sens ». Le Ministre russe des affaires étrangères a pour sa part dit que le Ministre britannique de la défense « manquait d'éducation ».
Les tensions géopolitiques montent depuis l'empoisonnement de l'ex-espion Sergei Skripal et de sa fille dans la ville anglaise de Salisbury au début du mois, dans ce que les puissances occidentales considèrent comme le dernier signe d'une ingérence russe de plus en plus agressive à l'étranger. « Nous n'avons jamais rencontré ce niveau de discussion sur la scène mondiale », a affirmé le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, aux journalistes, ajoutant avoir été surpris par la réaction britannique. Accusant l’État russe de l'attaque aux agents neurotoxiques, la Grande-Bretagne a expulsé 23 diplomates russes et tente à présent de construire une coalition de pays pour sanctionner Moscou en conséquence.
Le bureau du Premier ministre britannique Theresa May a annoncé que le leader australien Malcolm Turnbull l'avait rejoint pour condamner l'attaque tandis que, dans un mouvement commun inhabituel, les États-Unis, la France et l'Allemagne ont également pointé la Russie du doigt. La source de l'agent neurotoxique utilisé -que la Grande-Bretagne dit être du Novichok de fabrication soviétique- n'est cependant pas clairement établie. Un article du Telegraph dit qu'il a été mis dans la valise de la fille de Sergei Skripal avant qu'elle ne quitte la Russie pour la Grande-Bretagne pour voir son père.
La Russie nie être la source de l'agent neurotoxique, suggérant qu'il pourrait s'agir d'un autre pays, et a demandé à la Grande-Bretagne de partager les échantillons collectés par les enquêteurs. L'émissaire de la Russie auprès de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques affirme que l'agent neurotoxique utilisé pourrait provenir de stocks américains ou britanniques. Alexander Shulgin, l'envoyé de la Russie à l'Organisation, dont le siège est à La Haye, a de son côté déclaré dans des remarques télévisées que la Grande-Bretagne et les États-Unis disposaient l'un comme l'autre de l'agent neurotoxique utilisé, dont un des développeurs a souligné dans une interview publiée le 16 mars que quelques pays dans le monde ont des laboratoires assez puissants pour développer cet agent neurotoxique grâce à une formule qu'il a lui-même publiée en 2008, et qu'il est peu probable que l'agent neurotoxique provienne d'un autre ancien pays soviétique, comme l'ont laissé entendre les Russes.