La transmission de l'expertise agricole chinoise donne de riches résultats en Afrique

He Wang, une experte en pêche de la province du Hunan (centre de la Chine), a passé la majeure partie des 18 dernières années en Éthiopie à transmettre les meilleures méthodes d'élevage de poissons d'eau douce.

« Il y a 20 ans, j'ai eu un rêve africain, découvrir ce continent mystérieux et faire quelque chose pour son industrie de la pêche », a expliqué Mme He, chercheuse émérite en sciences halieutiques à l'Institut des sciences halieutiques du Hunan à Changsha, la capitale provinciale.

Elle a été sélectionnée comme experte pour un programme de coopération agricole sino-éthiopien et a foulé le sol africain pour la première fois en 2003. Au début, elle a été affectée au Collège ATVET de Holeta, une école professionnelle agricole située dans la ville du même nom, dans le centre de l'Éthiopie. En 2013, elle a commencé à travailler au Collège ATVET d'Alage, dans le sud du pays, lorsqu'elle y a été affectée par le ministère chinois de l'Agriculture.

Des élèves du Burkina Faso apprennent à faire pousser des cultures dans une ferme expérimentale de la province du Hebei (nord de la Chine) en juillet 2020. (Zhu Xudong / Xinhua)

Sa persévérance a payé : au cours des 18 dernières années, elle a formé environ 3 500 personnes aux subtilités de la pisciculture. Ses classes ont été composées d'étudiants réguliers ainsi que d'enseignants, d'experts et de techniciens agricoles, d'agriculteurs et d'entrepreneurs. Elle a également aidé à établir une ferme piscicole intégrée pour l'enseignement et la recherche au Collège ATVET d'Alage, la première du genre de ce collège. Et elle s'est occupée d'élaborer des guides techniques et de promouvoir la pisciculture en partenariat avec des organisations locales.

Des élèves devenus « piliers du secteur »

« Quand je vois que beaucoup de mes étudiants sont devenus des piliers du secteur de la pêche en Éthiopie et que les habitants peuvent désormais manger du poisson élevé au lieu d'avoir à attraper du poisson, je sens que tous mes efforts ont porté leurs fruits et c'est la meilleure récompense pour moi », dit-elle. « J'aime les Africains et j'espère voir leur vie s'améliorer de plus en plus grâce à la technologie de pointe des fermes piscicoles ».

Comme Mme He, de nombreux experts chinois ont joué un rôle essentiel dans la coopération agricole de leur pays avec l'Afrique au cours des dernières décennies. Elle est fière que ces efforts aient grandement profité à la population.

Dans le programme de formation professionnelle agricole auquel Mme He a participé, 485 voyages d'experts chinois dans le pays avaient été effectués à la date de juillet de l'année dernière depuis le début du programme en 2000. Selon le ministère de l'Agriculture et des Affaires rurales, près de 60 000 enseignants, étudiants et techniciens agricoles ont été formés au profit de l'Éthiopie.

« L'agriculture a toujours été une partie importante de la coopération sino-africaine, qui a commencé par la fourniture par la Chine d'une assistance à la construction de fermes et d'entreprises agricoles en Afrique, et a évolué vers d'autres formes telles que l'encouragement du commerce et de l'investissement », a de son côté souligné Tang Lixia, professeure en l'agriculture à l'Université agricole de Chine à Beijing.

L'aide chinoise a considérablement stimulé le développement de l'agriculture dans de nombreux pays africains, dont la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie, et a contribué à atténuer la faim dans ces pays, dit-elle.

De plus, dynamisée par l'initiative « la Ceinture et la Route », la coopération agricole sino-africaine a pris de l'ampleur ces dernières années, entraînant des progrès encourageants.

À Maputo, la capitale du Mozambique, les nouvelles technologies développées par des experts chinois ont ainsi entraîné une augmentation de 20% du rendement des pommes de terre au Centre de démonstration de technologies agricoles Mozambique-Chine en août de l'année dernière. Selon le ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales, la technologie devrait être promue dans des zones appropriées à travers le pays pour profiter à davantage d'agriculteurs.

Une collaboration qui porte ses fruits

Toujours au Mozambique, un programme conjoint de coopération agricole bénéficiant d'investissements du Fonds de développement Chine-Afrique a entraîné une augmentation significative du rendement du riz, de 1,5 tonne par hectare à 7 tonnes. Les conseils de techniciens chinois ont aidé à faire la différence. Selon le fonds, avec la promotion du riz de haute qualité, de plus en plus d'Éthiopiens se tournent désormais vers le riz comme aliment de base au lieu du tapioca.

Au Centre commun de recherche sino-africain de Nairobi, la collaboration entre scientifiques chinois et kényans au cours des neuf dernières années a porté ses fruits. Ils ont promu des techniques améliorées parmi les agriculteurs, découvert sept nouvelles espèces végétales et animales et publié des dizaines d'articles de recherche internationaux. Le centre de recherche se trouve à l'Université d'agriculture et de technologie Jomo Kenyatta.

Mme Tang, de l'Université agricole de Chine, estime que malgré les grands progrès déjà réalisés, la coopération agricole sino-africaine a encore plus de marge pour se développer, car la sécurité alimentaire reste un défi majeur sur le continent.

« En plus de continuer à promouvoir l'amélioration de la production et de la technologie agricoles en Afrique, la coopération peut se concentrer davantage sur le renforcement de la capacité des pays africains en matière de gouvernance agricole à améliorer l'élaboration et la mise en œuvre des politiques agricoles », a-t-elle noté.

« Les deux parties peuvent avoir plus de coopération dans le développement rural afin que la Chine puisse partager son expérience avec ses homologues africains pour promouvoir le développement global de leurs zones rurales ».