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Les relations sino-françaises : 50 ans, et toujours pleines de vigueur !

( La Chine au présent )

15.01.2014 à 15h09

Le 24 janvier 2004, 7 500 ressortissants chinois séjournant en France et acteurs venus de Beijing ont défilé sur les Champs-Élysées à Paris. Ils célébraient le début de la nouvelle année du singe selon le zodiaque chinois, ainsi que l'Année de la Chine en France, mise en place à l'occasion du 40e anniversaire de l'établissement des relations sino-françaises.. (CFP)

WU JIANMIN*

Il ne faudra pas manquer de célébrer le 27 janvier 2014 : il marquera le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. En janvier 1964, je servais d'interprète au représentant permanent de la Chine auprès de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, une ONG qui siègeait à Budapest, capitale de la Hongrie. La veille de la déclaration officielle de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, j'ai été convié à une réunion spéciale tenue dans l'ambassade de Chine à Budapest, réunion au cours de laquelle j'ai appris l'heureuse nouvelle. À l'annonce de celle-ci, j'ai ressenti une grande joie, non seulement parce qu'établir des relations diplomatiques avec un grand pays occidental tel que la France était une percée majeure dans la diplomatie chinoise, mais aussi parce que je n'avais jamais eu l'occasion d'aller en France, bien que j'eusse étudié le français. Je me passionnais pour la culture de la France et j'avais lu pas mal d'œuvres littéraires françaises. En bref, j'adorais ce pays.

En décembre 1961, la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France envisageait de tenir une conférence et avait invité la Fédération nationale des étudiants de Chine à y participer. Le gouvernement chinois m'avait alors permis d'accompagner à cette conférence un responsable de cette organisation pour que je lui serve d'interprète. Nous avions décidé de prendre l'avion à Prague pour voler jusqu'à Paris. Mais avant d'entrer en France, il nous fallait au préalable demander un visa. J'étais donc allé à l'ambassade de France en Tchécoslovaquie pour procéder aux formalités. J'avais fourni des photos, rempli un formulaire ; il ne me restait plus qu'à attendre l'approbation de la partie française. Quelques jours plus tard, j'étais retourné à l'ambassade française pour m'informer du traitement de mon dossier. Ma demande de visa avait été refusée. J'en avais été très déçu. Alors, quand j'ai entendu que la France et la Chine allaient établir des relations diplomatiques, je me suis dit que cette fois-ci, j'aurais de grandes chances de pouvoir partir travailler en France.

Néanmoins, je ne m'attendais pas à ce que ma carrière diplomatique soit aussi étroitement liée à ce pays. Quand j'étais jeune, je servais d'interprète aux dirigeants chinois, un métier qui m'a permis de rencontrer plusieurs personnalités françaises de haut rang. Dans les années 1970, je travaillais pour la Mission permanente de la République populaire de Chine auprès des Nations unies, et je passais par Paris pour faire la navette entre Beijing et New York. Au début de l'année 1989, j'étais en poste à Bruxelles et j'y ai séjourné pendant deux ans. C'est une ville proche de la France, ce qui m'a donné l'occasion de me rendre plusieurs fois dans ce pays. En 1994, en tant que porte-parole au ministère des Affaires étrangères, j'ai accompagné le président Jiang Zemin durant sa visite en France. De 1994 à 2003, j'ai été à tour de rôle ambassadeur de Chine aux Pays-Bas, représentant de la Chine auprès des Nations unies à Genève, puis enfin, ambassadeur de Chine en France, une position que j'ai occupée pendant presque cinq ans. Après, j'ai été élu président du Bureau international des Expositions. Comme son siège est situé à Paris, j'allais fréquemment en France. Maintenant que je suis en retraite, je me rends encore souvent dans ce pays, notamment pour assister à toute sorte de réunions. Par ailleurs, beaucoup de mes amis français viennent visiter la Chine et ne manquent pas de passer me voir.

Avec mon emploi en France et mes contacts fréquents avec ce pays, j'ai découvert peu à peu à quel point les relations sino-françaises étaient particulières. Voilà 50 ans qu'elles n'ont de cesse de se développer depuis leur établissement. Et ce n'est pas un hasard si elles ont su garder aujourd'hui encore toute leur vitalité. De multiples éléments viennent expliquer ce phénomène.

Une solide base politique

En janvier 1964, au moment de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, Le Monde a publié un éditorial indiquant : « Deux pays au caractère indépendant se rapprochent. » En effet, la Chine et la France prônent l'indépendance et ne souhaitent être à la solde d'aucune puissance quelle qu'elle soit. C'est un point commun majeur que partagent ces deux pays, ainsi qu'une notion importante qui cimente la base politique des relations bilatérales.

Le 27 janvier 1964, quand la Chine et la France ont déclaré l'établissement de leurs relations diplomatiques avec un ambassadeur dans chaque pays, la nouvelle a fait sensation à l'échelle de la planète et a été qualifiée par certains médias d'« explosion nucléaire diplomatique ». En 1964, le monde affichait une configuration bipolaire, se partageant entre les États-Unis et l'Union soviétique, deux superpuissances qui se livraient une « guerre froide ». Chacune de ces deux superpuissances exerçait un ferme contrôle sur les pays dans leur camp. Pourtant, même en ce temps-là, le désir d'indépendance avait le vent en poupe.

Bien que la France fît partie du bloc occidental, le général de Gaulle ne s'est pas incliné pas devant les États-Unis et a refusé de recevoir des ordres des Américains. En 1958, après avoir repris le pouvoir, il a affirmé sa forte volonté d'indépendance. Au début des années 1960, suite à une polémique ouverte, la Chine et l'URSS ont pris des chemins opposés. C'est alors en janvier 1964 que la Chine et la France ont établi des relations diplomatiques, nonobstant la double désapprobation des États-Unis et de l'URSS.

Les hauts fonctionnaires chinois et français que j'ai rencontrés cette année-là se félicitaient de cet événement. Ils se montraient très actifs dans le développement des relations sino-françaises. De nombreux pays ne cachaient pas leur admiration envers l'esprit d'indépendance dont faisaient preuve la Chine et la France.

Le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine a été proclamée. Certaines personnes hostiles n'ont pas bien pris la nouvelle et ont essayé de tuer dans l'œuf ce nouveau régime. Cependant, cette nouvelle force s'avéra invincible. Malgré diverses difficultés, la Chine s'élevait, une tendance que le général de Gaulle avait déjà prévue depuis longtemps.

C'est le général de Gaulle qui prit l'initiative d'établir des liens officiels avec la Chine. En octobre 1963, le général de Gaulle a dépêché en Chine l'ancien premier ministre Edgar Faure, qui a réussi sa mission de convaincre la Chine d'établir des relations diplomatiques avec la France. Ce grand événement diplomatique, intervenu sous le mandat de de Gaulle, a démontré combien le général était un grand homme du XXe siècle. Il observait précisément le cours de l'histoire et se tenait courageusement à l'avant-poste ; il se conformait à la tendance plutôt que d'adopter une attitude attentiste.

Le 8 janvier 1964, de Gaulle a convoqué une réunion de cabinet pour discuter tout spécifiquement de l'établissement de relations diplomatiques sino-françaises. Les membres du cabinet ont voté pour. En clôture de cette réunion, de Gaulle a prononcé cette allocution : « Le fait chinois est là. C'est un pays énorme. Son avenir est à la dimension de ses moyens. Le temps qu'il mettra à les développer, nous ne le connaissons pas. Ce qui est sûr, c'est qu'un jour ou l'autre, la Chine sera une grande réalité politique, économique et même militaire. La France doit en tenir compte. Quels seraient les avantages à ne pas la reconnaître ? Personne ne nous offre rien pour nous en dissuader. Nous faisons des affaires avec tout le monde, nous avons des alliés, nous conservons ces alliances. Peut-être même le fait de prendre ce tournant n'est pas sans avantage pour nos alliés. »

Dans son livre Leaders : ceux qui ont changé le monde, Richard Nixon a rapporté les entretiens qu'il avait tenus avec de Gaulle sur la Chine, après sa prise de fonction en 1969. De Gaulle lui avait conseillé : « Il vaut mieux reconnaître la Chine maintenant, plutôt que d'être contraint de le faire une fois qu'elle sera plus puissante. » Nixon avait admis plus tard que cette conversation avec de Gaulle avait grandement accéléré le changement de la politique américaine vis-à-vis de la Chine.

Le 25 décembre 1991, la dislocation de l'URSS a mis un terme à la guerre froide. Le monde a avancé vers la multipolarisation. La France et la Chine souscrivent résolument à un monde multipolaire, qu'ils voient comme un progrès mondial.

À la fin de la guerre froide, certaines élites occidentales jubilaient, croyant que l'heure de la domination du monde par l'Occident avait sonné. Ces sentiments s'exprimaient manifestement aux États-Unis, où l'unilatéralisme s'imposait. Au tournant du siècle, le président George W. Bush a lancé son obsessionnelle guerre en Irak. Le président Jacques Chirac s'est vivement opposé à cette manœuvre, à l'instar de la Chine, qui n'a pas non plus pris parti pour cette guerre.

Le 6 février 2003, à l'occasion du Nouvel An chinois, le président Chirac a donné à l'Élysée une réception en l'honneur des ressortissants chinois. C'était la première fois qu'un président français organisait une réception de ce genre. J'y ai moi-même été convié. Le président Chirac y a prononcé un discours très chaleureux, qui nous a profondément émus, les dirigeants chinois présents et moi-même. Lors de la réception, le président m'a pris à part pour s'entretenir avec moi en privé. Il m'a dit : « M. l'Ambassadeur, les États-Unis veulent déclencher une guerre contre l'Irak. Ils espèrent obtenir en leur faveur une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, qui leur donnera carte blanche pour attaquer l'Irak. En tant que membres permanents au Conseil de Sécurité, la France et la Chine font face à un épineux problème : voterons-nous, oui ou non, en faveur de cette résolution ? »

Cette interrogation du président Chirac, moi-même j'y réfléchissais depuis longtemps déjà. Je lui ai retourné la question : « M. le Président, pensez-vous que nous devons voter pour ou contre cette résolution ? »

Il a alors agité la main et a clamé résolument : « Contre ! Si on leur donne cette résolution, le monde sera aux mains des États-Unis d'ici quinze à vingt ans. Les Américains ne se soucieront plus de la France, de l'Europe, de la Russie, ni de la Chine ! »

Le président Chirac a tenu parole. Il s'est opposé à la guerre américaine en Irak, en expliquant à George W. Bush que cette guerre n'était favorable ni aux États-Unis, ni au monde. Mais, M. Bush n'avait pas tenu compte de cet avis et avait amorcé la guerre en Irak. L'histoire a ensuite prouvé que le président Chirac avait vu juste.

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