Le 27 janvier 2014 marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, et, en un demi-siècle, la Chine et la France ont forgé un partenariat stratégique complet. Cependant, des politiques instables et versatiles à l'égard de la Chine adoptées à certaines époques par la France ont conduit à des fluctuations et ont porté atteinte à la stable continuité des relations entre les deux pays.
L'ancien philosophe chinois Confucius a autrefois dit que "à cinquante ans, j'ai bien assimilé les ordres du Ciel". A propos des relations entre les Etats, la France et la Chine, au 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques, doivent aussi "bien assimiler les ordres" de la tendance historique et adopter une attitude pragmatique et raisonnable pour assurer la stabilité et la continuité des relations bilatérales, ont estimé des experts chinois.
Wang Yi, chercheur à l'Institut de Chine sur les questions internationales, a analysé que sous l'impact de la crise financière et de la crise de la dette européenne, la France faisait face aujourd'hui à de nombreux problèmes sociaux et économiques et que le protectionnisme s'était renforcé, ce qui a eu une influence négative sur la politique extérieure française envers la Chine et a conduit à une instabilité croissante de la diplomatie française envers la Chine.
Fin 2007, Nicolas Sarkozy, qui était alors président de la France a tiré profit de sa visite en Chine pour signer des commandes pour une valeur totale d'environ 20 milliards d'euros. Cependant, son attitude envers la Chine a brutalement changé en 2008. Il a d'abord relié la participation à l'ouverture des Jeux olympiques de Beijing aux problème du Tibet et, fin 2008, au mépris de la forte opposition de la Chine, il s'est obstiné à rencontrer le dalaï lama en Pologne, ce qui a gravement nui aux relations sino-françaises.
En avril 2013, le président Hollande a aussi obtenu d'importants fruits commerciaux à l'occasion de sa visite en Chine en vendant 60 avions Airbus. Mais la France est devenue un peu plus tard l'un des quelques pays européens à soutenir l'enquête anti-dumping et anti-subventions sur les panneaux photovoltaïques importés de la Chine.
L'ancien ambassadeur de Chine en France Wu Jianmin a indiqué que certains Français nourrissaient un sentiment "complexe" vis-à-vis de l'émergence de la Chine. "Les frictions d'intérêts ne devraient pas devenir source de préjugés et de crainte", a-t-il souligné.
"Les malentendus, l'inquiétude et même la crainte que la Chine inspire à certains Français constituent un obstacle majeur au développement des relations sino-françaises", a-t-il affirmé.
"Des Français estiment que c'est à cause de l'afflux de Chinois et de produits chinois qu'ils perdent leurs emplois. Ce qui est une totale méprise", a-t-il indiqué, expliquant que dans le contexte de la mondialisation économique, la concurrence était omniprésente et que les pays devaient faire jouer leurs avantages. "La Chine possède des avantages en matière de main-d'oeuvre, mais la France dispose de nombreuses marques de renommée internationale", a expliqué M. Wu.
Zhang Jian de l'Institut de recherche sur les relations internationales contemporaines de Chine a analysé que l'Europe, qui faisait actuellement face à des difficultés, avait commencé à réfléchir davantage sur ses propres problèmes et à regarder la Chine d'un point de vue plus impartial.
"Le préjugé envers la Chine persistera, mais il ira faiblissant", a-t-il affirmé.
Zhang Jian a estimé que la politique de Hollande à l'égard de la Chine était plus pragmatique que celle de Sarkozy.
En avril et décembre 2013, le président et le Premier ministre de la France ont successivement effectué une visite en Chine, ce qui témoigne de l'importance que la France attache aux relations avec la Chine. Lors de sa visite en Chine, M. Hollande s'est engagé à nouer avec la Chine des relations plus stables qui ne pourraient pas être perturbées par certains éléments.
Wu Jianmin a souligné que, malgré des péripéties, les fondements des relations sino-françaises, dont une conviction commune sur la multipolarisation du monde et la complémentarité économique, n'avaient pas changé et qu'il restait "prudemment optimiste" sur les perspectives des relations sino-françaises.
Wang Yi a indiqué que les deux pays devaient respecter les intérêts stratégiques et fondamentaux de l'un et de l'autre et traiter de manière "calme, impartiale et raisonnable" les dossiers sensibles.
"La Chine doit prendre en considération les préoccupations françaises sur des problèmes de sécurité en Afrique et au Moyen-Orient, alors que la France doit accorder davantage de soutien et de compréhension aux politiques chinoises concernant la mer de Chine méridionale et les relations de la Chine avec ses voisins", a conclu le chercheur Wang Yi.