Actuellement en visite au siège de l'Union européenne, le Premier ministre chinois Li Keqiang se rendra bientôt en France. Dans une interview accordée exclusivement à Xinhua, l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin souligne que la visite de M. Li est importante, car elle s'inscrit dans une volonté de développer et de renforcer les relations sino-européennes.
"La relation sino-européenne est une relation de partenariat stratégique qui est importante sur le plan politique, parce que la Chine est aujourd'hui le premier contributeur en troupes des Nations Unies, joue un rôle imporant dans le cadre du Conseil de sécurité et est un acteur essentiel au niveau mondial [...]. Dans le réglement de la crise ukrainienne, dans la volonté de mieux insérer la Russie, la Chine a un rôle important à jouer", a souligné l'ancien Premier ministre français.
"L'enjeu économique de la relation avec la Chine est extrêmement important et il y a beaucoup de complémentarité entre les entreprises françaises et l'économie chinoise", a-t-il poursuivi.
Sur le plan culturel, M. de Villepin a indiqué : "Nous avons des échanges d'une très grande vitalité, beaucoup de coopérations, beaucoup d'intérêts de part et d'autre, avec un tourisme qui s'accroît tant du point de vue du nombre de Chinois qui viennent en France que de Français qui viennent en Chine".
M. de Villepin, qui "éprouve un intérêt pour la politique chinoise en matière de développement économique et a une grande fascination pour la culture et la civilisation chinoises", s'est rendu très régulièrement en Chine depuis qu'il a quitté ses fonctions de Premier ministre. Selon lui, les relations franco-chinoises sont globales et doivent contribuer à renforcer les relations entre l'Europe et la Chine.
"Nous sommes capables de mettre de côté un certain nombre de questions qui pourraient ternir nos relations, soit en nous parlant plus franchement sur le plan bilatéral sans pour autant qu'il y ait de crise entre nous, soit en trouvant des solutions et en avançant ensemble sur un certain nombre de questions. La coopération entre la France et la Chine en ce qui concerne les affaires mondiales est une coopération qui se développe, qui est efficace et qui a vocation à s'intensifier", a-t-il précisé.
Sur le plan économique, M. de Villepin a appelé à développer les relations entre les PME chinoises et françaises. "Les grandes entreprises travaillent naturellement ensemble, il faut que nous arrivions à établir plus de confiance, à lever un certain nombre de barrières dans nos économies, de façon à ce que le cadre des échanges puisse être facilité et qu'il y ait plus d'échanges au niveau des PME", a-t-il noté.
M. de Villepin a également appelé à intensifier les relations culturelles et à développer le tourisme entre les deux pays.
Au cours de l'interview, M. de Villepin a notamment exprimé son point de vue sur la "Nouvelle Route de la Soie" (la Ceinture économique de la Route de la Soie et la Route de la soie maritime du XXIe siècle) proposée par le président chinois Xi Jinping.
"Je pense que c'est une initiative très importante, parce que c'est une initiative structurante, fondée sur un vrai projet, une vraie vision. Cette contribution sera d'autant plus importante qu'elle est multi-forme et multi-dimensionnelle à la fois sur le plan de la sécurité, mais aussi de la stabilité de cette région qui fait face à des défis comme le terrorisme et l'islamisme. Elle jouera également un rôle important de stimulation de la croissance dans cette région, qui est une région aujourd'hui où beaucoup de pays n'ont pas encore véritablement développé leurs ressources", a-t-il jugé.
"En multipliant les infrastructures, en offrant à ces populations de nouvelles possibilités dans les domaines ferroviaire, portuaire et routier, on offrira à un grand nombre d'économies de nouvelles perspectives de croissance", a-t-il expliqué.
Le deuxième aspect très important de cette initiative est la création de nouvelles institutions et de nouveaux instruments et mécanismes sur le plan multilatéral, tels que la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (qui est très ouverte aux grands pays européens comme l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni) et le Fonds de la Route de la Soie. "Ces institutions régionales multilatérales sont un espoir pour le système multilatéral mondial, qui a besoin de se réformer. Nous avons besoin de réformer le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, et je pense que la compétition qui va naître avec ces institutions est bonne, car elle peut contribuer à apporter un sang nouveau, une vision nouvelle et une exigence nouvelle."
"Le rôle de la Chine dans le grand projet de la Nouvelle Route de la Soie est très important pour la stabilisation de la situation dans le Caucase et en Asie centrale. Je crois que le dialogue entre la France et la Chine peut être important et avancer dans le même sens", a-t-il conclu.