Dernière mise à jour à 08h39 le 17/11
L'initiative chinoise "La Ceinture et la Route" devrait donner un nouvel élan à l'économie mondiale en augmentant les investissements, en améliorant les infrastructures et en promouvant l'intégration économique et les échanges entre les peuples des pays le long des nouvelles Routes de la Soie, estiment des experts israéliens dans de récents entretiens accordés à Xinhua.
"Je pense que c'est une mesure très intelligente, car elle apportera des investissements et des infrastructures aux pays qui en ont besoin. Donc, elle est très positive", pense Alexander Pezvner, fondateur et directeur du Centre des médias chinois au Collège israélien de gestion.
Selon M. Pezvner, cette initiative, avancée par le président chinois Xi Jinping en 2013, propose une situation mutuellement bénéfique pour l'économie chinoise et pour l'économie mondiale, qui "fait face à des vents contraires un peu partout en Occident".
VERS UNE ZONE DE LIBRE-ECHANGE EN EURASIE
Outre l'apport d'investissements et l'amélioration des infrastructures dans les pays concernés, l'initiative chinoise aidera à promouvoir l'intégration des économies le long de ces routes, à restaurer la stabilité dans des régions fragiles et à renforcer les échanges entre les peuples, croit M. Pezvner.
Cette initiative nourrit l'espoir de voir se nouer davantage de liens bilatéraux et multilatéraux, avec "une zone de libre-échange qui couvrira tout le continent eurasien si ça marche", prévoit-il, en citant notamment les négociations sur un accord de libre-échange prévues entre Israël et la Chine.
Hagai Shagrir, directeur du département Asie du Nord-Est au ministère israélien des Affaires étrangères, prévoit que "La Ceinture et la Route" entraînera une standardisation plus importante entre les pays faisant partie de cette initiative et aidera à baisser les tarifs douaniers.
L'Etat hébreu souhaite entamer ces négociations sur le libre-échange avec la Chine début 2016, rappelle M. Shagrir, soulignant qu'une étude de faisabilité montre qu'un tel accord serait bénéfique pour les deux pays, pour leurs économies et pour les échanges entre peuples.
Dans les prochaines semaines, révèle-t-il, Israël commencera par ailleurs à négocier avec la Chine un nouveau type de visa, valable pour dix ans, pour les touristes et les hommes d'affaires afin d'accroître ces échanges entre peuples.
UNE CONTRIBUTION POTENTIELLE A LA PAIX REGIONALE
M. Pezvner observe également que le plus grand défi pour "L a Ceinture et la Route" est que l'itinéraire qu'elle emprunte traverse certains endroits instables au Moyen-Orient. Néanmoins, lorsque ces pays en proie à un conflit se retrouveront face au "choix de rejoindre le train du développement de la Chine", ils choisiront d'y participer et de ne plus faire la guerre, espère-t-il.
Faisant écho à cette observation, M. Shagrir exprime sa confiance dans le fait que "La Ceinture et la Route" sera un important contributeur à une stabilité plus importante dans la région parce que toutes les parties seront éventuellement liées par cette initiative, qui se caractérise par des intérêts économiques communs et une plus grande volonté à vouloir la paix et la stabilité dans la région.
UNE CAPACITE INDUSTRIELLE CHINOISE QUI PROFITE A TOUS
Le professeur Gadi Ariav de l'Ecole de commerce de l'Université de Tel Aviv cite Israël comme exemple d'un pays pouvant tout à fait bénéficier de l'initiative "La Ceinture et la Route", avec des entreprises chinoises construisant des autoroutes, des chemins de fer et des tunnels.
"Nous apprécions le savoir-faire et les capacités de la Chine", dit le Pr Ariav.
"Il est tout à fait commun en géopolitique de voir un pays offrir ses capacités excédentaires à des pays amis. En ce sens, cela permet de résoudre à court terme le problème des surcapacités générées en Chine; à plus long terme, cela fournit des marchés et des routes aux régions périphériques de la Chine", explique-t-il.
Décrivant "La Ceinture et la Route" comme "une excellente vision" du président Xi, M. Shagrir estime que c'est "une vision clairvoyante visant à développer les infrastructures à travers l'Asie, l'Eurasie, le Moyen-Orient jusqu'en Europe" afin d'assurer au final l'acheminement des produits chinois en Europe.
"On sait qu'il y a un grand retard en matière d'infrastructures en Asie, évalué par certains entre 4.000 et 8.000 milliards de dollars. On a certainement besoin d'un outil financier comme la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) afin de s'assurer que ces infrastructures seront développées dans les années à venir", poursuit Hagai Shagrir.
La BAII, qui a pour objectif d'améliorer les infrastructures dans les pays asiatiques, y compris les pays membres de l'initiative "La Ceinture et la Route", devrait être officiellement lancée à la fin de cette année. La banque, qui compte 57 membres fondateurs dont Israël, est un outil important pour la mise en œuvre de l'initiative chinoise.
Israël en bénéficiera, selon M. Shagrir. "Nous pensons que cela offrira la possibilité aux entreprises israéliennes de participer aux appels d'offres" lancés par la banque, dit-il.