Dernière mise à jour à 14h05 le 12/10
Le ministre cambodgien des Mines et de l'Energie, Suy Sem, estime que les investissements chinois dans le développement de centrales hydroélectriques et de lignes à haute tension permettent au Cambodge de se créer une nouvelle histoire.
"Le développement énergétique est très important pour le Cambodge", a confié le ministre à l'agence Xinhua lors d'une récente interview exclusive. "Les investissements chinois dans le développement des sources d'énergie électrique sont comme la création d'une nouvelle histoire pour le Cambodge", a-t-il dit.
En raison de la guerre civile, le Cambodge disposait de peu d'électricité par le passé, a-t-il rappelé. Grâce à la stratégie du Premier ministre Hun Sen, la guerre a pris fin définitivement en 1999 et le développement des infrastructures, notamment de l'énergie électrique, a démarré de zéro.
Suy Sem rappelle que dans le cadre de la coopération depuis 2000 avec la Chine, six barrages hydroélectriques ont été édifiés et que 70% du barrage de Sésan Krom II, d'une capacité de 400 mégawatts, ont déjà été construits.
Ces sept barrages hydroélectriques coûteront au total quelque 2,4 milliards de dollars. "Toutes les centrales hydroélectriques au Cambodge sont le fruit à 100% d'investissements chinois, à l'exception du projet de Sésan Krom II (781 millions de dollars) qui est mené par une joint-venture composée d'entreprises chinoise, cambodgienne et vietnamienne", a-t-il précisé. Hydrolancang (Chine) détient 51% des parts, Royal Group (Cambodge) 39% et EVN (Vietnam) 10%.
Les six centrales hydoélectriques déjà en activité produisent un total de 928 MW, soit 47% de l'électricité disponible au Cambodge.
"Le secteur énergétique du Cambodge dépend des investissements chinois, sinon, la proportion des régions ayant l'accès à l'électricité ne pourra pas atteindre le niveau que l'on a aujourd'hui", a dit M. Suy Sem.
Il a appelé les investisseurs chinois à aider son pays à construire davantage de barrages hydroélectriques, de centrales au charbon, de lignes à haute tension, ajoutant que les besoins en électricité progressaient annuellement d'environ 20%.
A propos des atouts des centrales hydroélectriques, le ministre a fait savoir qu'elles constituaient une source d'énergie propre permettant de réduire la dépendance du Cambodge envers les centrales au fioul et les importations d'électricité de pays voisins tels que le Vietnam et la Thaïlande.
"Les centrales hydroélectriques ont aidé notre pays à être indépendant en matière énergétique et à diminuer les prix de l'électricité", affirme-t-il. "Par ailleurs, elles permettent au gouvernement de percevoir des revenus fiscaux".
Parallèlement, Suy Sem dit apprécier le savoir-faire, l'expérience et l'assiduité au travail des ouvriers et des techniciens chinois travaillant dans les installations hydroélectriques au Cambodge.
"Aucun projet n'a été achevé au delà des délais prévus. Certains projets l'ont même été avec un semestre d'avance", rappelle-t-il, ajoutant : "Je pense que sans les Chinois, ces projets n'auraient pas été aussi faciles à accomplir et que les coûts de construction auraient été plus élevés".
Le ministre note également que toutes les entreprises chinoises ont respecté les termes des contrats qu'ils ont signés avec le gouvernement et qu'ils ont très bien coopéré avec le ministère des Mines et de l'Energie.
"Je suis satisfait de leur respect des accords (...) et nous continuerons d'entretenir une excellente coopération avec elles", dit-il.
Suy Sem rappelle que puisque ces centrales hydroélectriques ont été construites en vertu de contrats de concession de type BOT (construire-exploiter-transférer), elles seront transférées au gouvernement cambodgien à la suite de la période d'exploitation.
Au cours de celle-ci, dit-il, il est nécessaire pour les entreprises de contribuer à former les ouvriers cambodgiens pour qu'ils puissent continuer de gérer ces centrales après le départ des compagnies chinoises.
Partageant son point de vue sur la coopération sino-cambodgienne dans le secteur de l'énergie via l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", le ministre cambodgien note que cette initiative, soutenue par la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) et le Fonds de la Route de la soie, constitue une politique stratégique pour renforcer la coopération entre la Chine et d'autres pays.
Il rappelle que Phnom Penh a soutenu cette initiative et que son pays est aussi l'un des membres fondateurs de la BAII. "Nous serons en mesure d'emprunter de l'argent auprès de la banque pour développer les infrastructures, y compris dans le secteur de l'énergie", précise-t-il.
Selon Suy Sem, les sept centrales hydroélectriques et des lignes de transmission de courant du Cambodge sont nées de l'initiative la "Ceinture et la Route". Il propose d'ailleurs que cette coopération dans le cadre de cette l'initiative se poursuive, "car notre développement de lignes de transmission de courant couvre 72% des villages au Cambodge et pourrait tous les couvrir d'ici 2020".
Evoquant le développement de l'énergie solaire au Cambodge, le ministre note que son coût élevé constitue un grand défi pour son pays.
"Le développement de l'énergie solaire fait aussi partie de nos plans, car il s'agit d'une énergie renouvelable et propre, mais son prix est très élevé. Les consommateurs à bas revenu ne peuvent pas se le permettre", selon lui. Aussi, "nous mettrons l'accent sur cette énergie dès que son coût sera moins élevé".