Dernière mise à jour à 09h54 le 12/10
Le Kremlin a annoncé mardi que le Président russe Vladimir Poutine a annulé une visite prévue en France la semaine prochaine, infligeant une rebuffade au Président français François Hollande, qui avait laissé entendre que Moscou était coupable de crimes de guerre en Syrie. Les tensions s'étaient exarcebées entre les deux dirigeants depuis le week-end, lorsque la Russie a opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, proposée par la France et l'Espagne, visant à mettre fin aux frappes aériennes du régime syrien sur Alep et permettant l'arrivée d'une aide humanitaire dans la ville.
Selon l'agence de presse TASS, qui a cité les propos du secrétaire de presse de la Fédération de Russie Dmitri Peskov, « Le président a pris la décision d'annuler cette visite (à Paris) ». Vladimir Poutine devait assister à des événements liés à l'ouverture d'un centre culturel et religieux russe, mais le voyage a été annulé parce que les événements « n'entraient plus dans le cadre du programme ». De son côté, un porte-parole du gouvernement français a déclaré à CNN que Vladimir Poutine a annulé sa visite parce qu'il n'était pas d'accord avec la demande de François Hollande, qui souhaitait que la réunion soit consacrée à la Syrie.
François Hollande avait déjà laissé entendre à la chaine de télévision française TF1 qu'il envisageait soit d'annuler la rencontre avec le Président russe, disant que ceux qui sont derrière le bombardement d'Alep -faisant allusion à la Syrie et la Russie- avaient commis des « crimes de guerre » dans la ville syrienne et devraient être tenus responsables devant la Cour pénale internationale. Vladimir Poutine devait se rendre à Paris le 19 octobre.
Disant à TF1 qu'il se demandait s'il fallait ou non rencontrer Vladimir Poutine, François Hollande avait dit : « Je me suis posé cette question : est-ce utile ? Est-ce nécessaire ? Est-ce que nous pouvons encore faire en sorte qu'il (Vladimir Poutine) puisse lui aussi arrêter ce qu'il commet avec le régime syrien, c'est-à-dire l'appui aux forces aériennes du régime, qui envoie des bombes sur la population d'Alep ? Si je le reçois, je lui dirais qu'il est inacceptable, qu'il est mauvais, même pour l'image de la Russie. Ce que je leur dis, c'est que ces populations sont des populations qui sont aujourd'hui victimes de crimes de guerre et que ceux qui commettent ces actes devront payer pour leur responsabilité devant la Cour pénale internationale ».
La Russie effectue des frappes aériennes en Syrie depuis septembre 2015, en coordination avec le régime du président Bachar al-Assad. Moscou affirme qu'il vise des groupes militants, mais les États-Unis arment de leur côté certains de ces mêmes groupes pour lutter contre le gouvernement Assad, ce qui revient en même temps à opposer à nouveau les anciens ennemis de la guerre froide l'un contre l'autre.