Dernière mise à jour à 13h27 le 21/10
La visite à Beijing du président philippin Rodrigo Duterte destinée à réchauffer les liens sino-philippins n'implique aucune signification pour l'alliance traditionnelle entre les Etats-Unis et les Philippines.
Alors que le président chinois Xi Jinping a déroulé jeudi matin le tapis rouge pour son homologue philippin, beaucoup dans le monde ont prédit que le pays d'Asie du Sud-Est était prêt à se détourner des Etats-Unis, son allié traditionnel.
Certains ont même estimé que Beijing en tirerait des gains considérables si cette alliance venait à s'affaiblir. Ils se trompent, quand bien même ils disent avoir les preuves que le nouvel homme fort à Manille est un critique féroce et sans fard des Etats-Unis et qu'il menace d'annuler les exercices militaires conjoints avec les forces armées américaines.
Le gouvernement chinois n'a jamais essayé de bâtir des liens avec d'autres pays à la condition que ces derniers sacrifient leur partenariat avec un pays tiers.
Pour être plus spécifique, la chose la plus importante que la Chine recherche dans une relation bilatérale solide avec les Philippines, c'est que les deux parties puissent travailler ensemble pour renforcer leur coopération économique et commerciale sur la base de bénéfices mutuels, dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chacun.
Il revient entièrement aux autorités philippines de décider comment elles gèrent leurs relations avec d'autres pays, y compris les Etats-Unis.
Si le partenariat de ces derniers avec les Philippines commence de fait à se dénouer, peut-être que la première chose que la classe politique américaine doit faire, c'est de revoir la façon dont elle entretient des relations avec un pays qu'elle considère comme un allié-clé en Asie-Pacifique. Il serait injuste et futile d'en faire M. Duterte ou la Chine les boucs émissaires.
Les Etats-Unis devraient aussi savoir que pour entretenir une telle relation, il leur faudrait au minimum apprendre à se montrer respectueux et arrêter de se montrer autoritaires.
Maintenant que le dirigeant philippin se trouve en Chine pour réparer des liens altérés, il rentrera sûrement chez lui les mains pleines, car on s'attend à ce que les deux pays signent toute une série d'accords et accroissent leur coopération dans des domaines tels que le commerce de fruits et la lutte contre le trafic de stupéfiants.
De vrais amis doivent se montrer francs et honnêtes l'un envers l'autre. Cette visite est également une bonne opportunité pour les deux gouvernements de commencer à discuter de leur différend en mer de Chine méridionale.
Une bonne gestion de cette dispute maritime, particulièrement après l'épisode arbitral illégal qui a précipité ces liens bilatéraux vers un niveau historiquement bas, permettra de jeter des fondations solides entre les deux pays sur lesquelles reposeront leur future coopération et ceci sans craindre que n'éclatent à l'avenir de nouvelles prises de bec concernant les îles.