Dernière mise à jour à 08h20 le 20/01
Le président chinois Xi Jinping a quitté mercredi soir Genève au terme d'une visite de quatre jours en Suisse caractérisée par le renforcement des relations amicales sino-helvétiques et une défense ardente du multilatéralisme.
Le président chinois est arrivé dimanche dernier à Zurich, première étape de son voyage en Suisse. C'est également la première visite d'Etat qu'effectue un président chinois dans ce pays au XXIe siècle.
Beijing et Berne entretiennent des échanges et une coopération de longue date. En 1950, la Suisse a été l'un des premiers pays occidentaux à reconnaître la toute nouvelle République populaire de Chine et à établir des relations diplomatiques avec elle. La Suisse lui a par ailleurs reconnu en 2007 le statut d'économie de marché et elle est devenue en 2013 le premier pays d'Europe continentale à signer un accord de libre-échange avec le géant asiatique.
"Les relations sino-suisses sont devenues un véritable modèle de coopération et d'amitié entre des pays pourtant très différents en termes de taille, d'organisation sociale et de stade de développement", a déclaré M. Xi lors de sa rencontre avec la présidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard.
"Nous sommes disposés à travailler avec la partie suisse pour développer nos relations de façon encore plus efficace", a-t-il ajouté.
De son côté, Mme Leuthard a souligné que les deux pays ont toujours conservé des relations harmonieuses depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques et ont des vues identiques ou similaires sur un grand nombre de questions, dont la paix et le développement du monde.
La Suisse est disposée à approfondir sa coopération avec la Chine dans des domaines tels que l'économie, le commerce, la finance, l'innovation, la culture et le tourisme, a-t-elle précisé.
Les deux dirigeants ont convenu de renforcer la synchronisation de la stratégie chinoise "Made in China 2025" et de la stratégie suisse "Industrie 4.0", ainsi que de faire franchir une nouvelle étape à leur accord bilatéral de libre-échange, entré en vigueur le 1er juillet 2014.
Les deux parties ont également décidé de lancer conjointement une "Année du tourisme Chine-Suisse" en 2017 et d'améliorer leur coopération en matière de sports d'hiver à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver 2022, qui seront organisés à Beijing.
Après ses rencontres avec les dirigeants suisses, le président chinois a ensuite captivé les dirigeants politiques et économiques mondiaux à Davos avec le discours particulièrement direct qu'il a prononcé lors de la session d'ouverture de la 47e réunion annuelle du Forum économique mondial.
"Nous devons parvenir à un équilibre entre efficacité et équité de façon à nous assurer que les différents pays, les différentes couches sociales et les différents groupes de personnes partagent tous les avantages de la mondialisation économique. C'est le minimum qu'attendent de nous les peuples de tous les pays et c'est la responsabilité incontournable des dirigeants de notre temps", a indiqué le président Xi.
S'en retourner au protectionnisme revient à s'enfermer tout seul dans une pièce aveugle. Le vent et la pluie seront certes maintenus à l'extérieur, mais la pièce aveugle empêchera également de faire entrer l'air et la lumière. Personne ne gagnera quoi que ce soit à déclarer une guerre commerciale, a-t-il averti.
"Nous ne sommes pas jaloux des succès des autres et nous ne nous plaignons pas lorsque d'autres pays tirent grand profit des nombreuses opportunités offertes par le développement de la Chine", a poursuivi M. Xi, ajoutant : "Nous ouvrirons nos bras aux peuples des autres pays et nous les accueillerons à bord du train express du développement chinois".
Le président chinois a continué de préconiser le multilatéralisme et le développement en commun de la planète en poursuivant son voyage à Lausanne, où il a rencontré le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, et à Genève, où il a discuté avec les dirigeants onusiens, dont Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, Peter Thomson, président de la 71e Assemblée générale des Nations Unies, et Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans le discours qu'il a prononcé mercredi soir au Palais des Nations à Genève, avant de quitter la Suisse, le président chinois a appelé à bâtir une communauté de destin pour toute l'humanité et à poursuivre un développement commun mutuellement bénéfique en relevant de nouveaux défis.
Il a déclaré que le multilatéralisme était un moyen efficace de défendre la paix et de promouvoir le développement, soulignant que l'ONU et les autres organisations internationales apportaient depuis des décennies une contribution universellement reconnue au maintien de la paix dans le monde et à la promotion du développement durable.
"Le monde a rendu possible le développement de la Chine et la Chine contribue aussi au développement du monde. Elle continuera de poursuivre sa stratégie d'ouverture gagnant-gagnant et de partager ses opportunités de développement avec d'autres pays du monde, qui sont tous les bienvenus à bord du train express du développement chinois", a-t-il déclaré.
"Depuis des millénaires, la paix est dans le sang et dans l'ADN des Chinois", a-t-il déclaré, citant l'un des grands principes énoncés par le philosophe chinois Confucius: "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse".
Il a rappelé que la Chine était passé du statut de pays pauvre et faible à celui de deuxième économie mondiale non pas par l'expansion militaire ou le pillage colonial, mais par le dur labeur de son peuple et ses efforts en faveur de la paix.
"Nous sommes honorés que le président chinois vienne à Genève. Nous voyons ça comme une réaffirmation très forte et très pratique du soutien de la Chine au multilatéralisme aux Nations Unies, au travail de nos organisations et de la famille onusienne", a déclaré à Xinhua Michael Moller, directeur général de l'Office des Nations unies à Genève.
La visite du président chinois "va renforcer un message vis-à-vis d'un monde qui devient de plus en plus fragmenté, où les problèmes quotidiens deviennent de plus en plus grands", a-t-il ajouté.