Le Roi d'Arabie saoudite en visite en Chine avec un œil sur l'avenir

Cherchant à relier la « Vision Saoudite 2030 » à l'initiative « une Ceinture, une Route », le Roi d'Arabie saoudite Salman bin Abdulaziz Al Saoud est arrivé à Beijing mercredi pour une visite d'Etat qui durera jusqu'à samedi, un voyage dont les experts disent qu'il signale la volonté de l'Arabie Saoudite de traiter la Chine comme un partenaire à la fois fiable et fort, au moment où les liens américano-saoudiens rencontrent des difficultés.

La délégation massive accompagnant le souverain est composée d'environ 1 500 personnes dont 25 princes et 10 ministres. « Cette visite n'est pas un événement diplomatique normal, mais une action diplomatique stratégique liée à l'avenir de l'Arabie saoudite », a déclaré mercredi au Global Times Hua Liming, ancien ambassadeur de Chine en Iran et aux Emirats arabes unis.

Avant d'arriver en Chine, la délégation du Roi s'est arrêtée en Malaisie, en Indonésie et au Japon. Après leur visite en Chine, ils prendront la direction des Maldives.

Selon Liu Zhongmin, professeur à l'Institut d'études du Moyen-Orient de l'Université des études internationales de Shanghai, le principal objectif de la visite du monarque en Chine est d'établir un lien entre la stratégie « Vision Saoudite 2030 » et l'initiative chinoise « une Ceinture, une Route ». C'est en 2013 que le Président chinois Xi Jinping a proposé l'initiative visant à construire un réseau commercial et d'infrastructures reliant l'Asie à l'Europe et à l'Afrique le long des anciennes routes commerciales de la Route de la Soie.

« L'Arabie Saoudite veut réduire sa dépendance envers la production pétrolière, stimuler son industrialisation et améliorer ses infrastructure, qui sont les composantes clés de la "Vision Saoudite 2030", tandis que la Chine possède des capacités exceptionnelles dans la construction d'infrastructures », a déclaré M. Hua, ajoutant que c'est pourquoi la coopération sino-saoudienne est solide et fiable.

L'agence de presse Xinhua a rapporté que de son côté les propos de l'ambassadeur d'Arabie saoudite en Chine, Turki Bin Mohamed Al-Mady, selon lequel l'Arabie saoudite attache une grande importance à l'initiative chinoise « une Ceinture, une Route ».

« La visite du Roi montre que la Chine et l'Arabie saoudite entretiennent des relations étroites et partagent de larges intérêts communs », a souligné l'ambassadeur.

Il a révélé que pendant la visite du souverain, les deux parties discuteront de l'amélioration de leur coopération dans des domaines comme la culture, l'économie, le commerce, la technologie, la sécurité et la défense. Plusieurs accords et mémorandums devraient être signés dans l'éducation, l'investissement, le transfert de technologies, l'industrie et le commerce.

Selon le Ministère chinois des affaires étrangères, l'Arabie saoudite demeure le principal fournisseur de pétrole brut de la Chine et son plus important partenaire commercial en Asie de l'Ouest. La Chine est le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite. La coopération militaire entre les deux pays a également progressé avec constance.

De nouveaux partenariats

Le voyage du Roi en Asie, en particulier en Chine et au Japon, a un autre motif : dire aux États-Unis que l'Arabie saoudite peut forger de nouveaux partenariats solides en Asie, a indiqué M. Hua, qui estime que la coopération énergétique entre l'Arabie saoudite et les États-Unis se rétrécit. L'Arabie saoudite doit renforcer ses liens avec la Chine et le Japon, deux clients pétroliers majeurs de l'Arabie saoudite.

« En dehors de la coopération énergétique, les infrastructures et les investissements sont également importants pour Riyad, et la Chine et le Japon sont bons dans ce domaine », a pour sa part déclaré Yin Gang, chercheur à l'Institut des études d'Asie occidentale et africaines de l'Académie chinoise des sciences sociales. « Comparée aux États-Unis, à l'Union européenne et à la Russie, la Chine a un avantage car elle n'a pas d'ennemis dans la région », a-t-il souligné.

L'Arabie saoudite offre des opportunités à la Chine et au Japon en même temps, et elle aimerait voir de la concurrence entre la Chine et le Japon puisqu'elle peut en bénéficier, donc pour la Chine, l'opportunité comporte aussi des défis, a par ailleurs dit M. Yin.

« Riyad peut obtenir davantage de moyens de négociation vis-à-vis des États-Unis en renforçant ses liens avec la Chine, mais il maintiendra sa coopération en matière de sécurité avec les États-Unis, et Washington a également besoin de jouer un rôle important dans la région », a de son côté déclaré M. Liu.

Selon M. Hua, la Chine pourrait également être un médiateur pour apaiser le conflit entre l'Arabie saoudite et son rival régional, l'Iran.

La Chine espère que l'Arabie saoudite et l'Iran pourront résoudre leurs problèmes par des consultations égales et amicales, a déclaré le Ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion des Deux sessions de cette année.

« La Chine est une ami de l'Arabie saoudite et de l'Iran. En cas de besoin, la Chine est prête à jouer son rôle nécessaire », a également souligné le Ministre des affaires étrangères.