Dernière mise à jour à 13h59 le 16/03
Selon la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publiée mercredi par l'ONU et ses partenaires humanitaires, plus de 17 millions de personnes sont menacées par une grave insécurité alimentaire au Yémen, un pays ravagé par les conflits.
Dans l'ensemble, 20 des 22 gouvernorats du pays sont en état d'insécurité alimentaire d'"urgence" ou de "crise", tandis que près des deux-tiers de la population sont confrontés à des souffrances liées à la faim et nécessitent une aide vitale pour leur survie et leurs moyens d'existence. Sans une aide humanitaire et un soutien aux moyens d'existence, Taïz et Al Hudaydah, deux gouvernorats représentant près d'un quart de la population yéménite, risquent de sombrer dans la famine.
Avec environ 17 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire d'"urgence" ou de "crise", le Yémen traverse actuellement l'une des pires crises alimentaires de l'histoire. Ces chiffres reflètent une hausse de 21% depuis juin 2016 et mettent en évidence les conclusions de l'Evaluation de la sécurité alimentaire et de la nutrition en situation d'urgence, datant de janvier 2017.
Le conflit a eu des effets dévastateurs sur la sécurité alimentaire et sur les moyens d'existence. Au Yémen, près de 80% des ménages ont confirmé que leur situation économique avait empiré depuis la crise.
La baisse de la production intérieure, les perturbations des importations commerciales et humanitaires, l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant, le chômage endémique, les pertes de revenus, la faiblesse des financements accordés aux organisations onusiennes fournissant une aide alimentaire, l'effondrement des services publics et des filets de protection sociale ont tous été des facteurs ayant contribué à l'aggravation de l'insécurité alimentaire.
Ces deux dernières années, depuis l'escalade de la crise, Taïz et Al Hudaydah, traditionnellement des gouvernorats producteurs de denrées alimentaires, ont été le théâtre d'intenses actes de violence. Ces deux gouvernorats présentent les taux les plus élevés de malnutrition aigüe globale dans le pays, avec des chiffres allant de 17% à Taïz à 25% pour Al Hudaydah. Le seuil d'urgence fixé par l'Organisation mondiale de la santé est de 15%.
"Le conflit a eu un effet dévastateur sur les moyens d'existence agricoles. La production agricole et animale a nettement chuté par rapport aux niveaux enregistrés avant la crise", a indiqué Salah Hajj Hassan, représentant de la FAO au Yémen. "Il est essentiel que notre intervention humanitaire englobe une assistance alimentaire et agricole afin de sauver des vies mais également des moyens d'existence".
Les Nations Unies au Yémen réitèrent leur appel en direction de toutes les parties du conflit afin de faciliter un accès inconditionnel et durable aux convois, de manière à ce que les organisations puissent étendre leurs interventions d'aide humanitaire en vue de répondre aux demandes croissantes des populations qui en ont le plus besoin.