Dernière mise à jour à 08h48 le 17/11
LE STRATÈGE DERRIÈRE LA RÉFORME DE LA CHINE
Xi Jinping a lancé les plus grandes réformes jamais réalisées au niveau mondial afin de faire avancer la modernisation de la Chine au 21e siècle.
"La réforme et l'ouverture déterminent le sort de la Chine", a déclaré M. Xi.
Après des décennies de miracle économique grâce à la mise en oeuvre de la politique de réforme et d'ouverture il y a plus de trente ans, les obstacles les plus ancrés,tels qu'une mentalité obsolète,des défauts institutionnels profondément enracinés et la barrière des "privilèges intouchables", perduraient.
Nombreux parmi ceux qui questionnaient l'avenir du pays ont étayé une série de théories, allant d'un atterrissage économique brutal à un effondrement total, mais Xi Jinping était parfaitement conscient de ses responsabilités.
"J'étais préoccupé jour et nuit par crainte de décevoir la confiance après m'être vu assigner la grande mission", a indiqué M. Xi peu après sa prise de fonctions, en citant Zhuge Liang, homme politique qui vivait il y a environ 1.800 ans et connu pour sa pensée stratégique et sa rigueur.
M. Xi a échafaudé sa conception et son organisation stratégique au plus haut niveau à travers le Plan global en cinq axes -- l'édification sur les plans économique, politique, culturel, social et écologique -- et les dispositions stratégiques des "Quatre Intégralités" -- édification intégrale de la société de moyenne aisance, approfondissement intégral de la réforme, promotion intégrale de la gouvernance de l'État en vertu de la loi, application intégrale d'une discipline rigoureuse dans les rangs du Parti.
Il a défini la phase actuelle du développement économique de la Chine comme une "nouvelle normalité" qui appelle de nouvelles solutions pour la croissance, la structure et la force motrice de l'économie.
A partir d'avril 2013, il a dirigé une équipe de responsables chargée de réaliser un rapport crucial pour la troisième session plénière du 18e Comité central du PCC, un document sur l'approfondissement global de la réforme.
"Nous avons reçu plus de 10.000 propositions des départements et des gouvernements locaux. La difficulté était de les hiérarchiser", se rappelle Zheng Xinli, ancien directeur adjoint du Centre d'Études politiques du Comité central du PCC. "C'est M. Xi qui a pris la décision finale de se focaliser sur la faiblesse institutionnelle, les problèmes qui provoquaient de graves conflits sociaux et ceux qui préoccupaient le plus le public".
C'est également M. Xi qui a pris la décision finale concernant l'une des percées majeures du projet -- le rapport a réaffirmé le rôle du marché dans la distribution des ressources, passant d'"un rôle fondamental", réitéré dans de nombreux documents du Parti depuis 1992, à la formule "un rôle décisif", une percée dans les relations entre le marché et le gouvernement.
Grâce à ce plan, une série de projets de réforme ont été entrepris, visant les domaines les plus difficiles et les plus enchevêtrés, tels que les entreprises d'État, l'enregistrement des ménages, la gestion financière, la terre rurale et les hôpitaux publics.
Certaines de ces réformes étaient auparavant considérées comme trop sensibles et pratiquement impossibles à mettre en oeuvre.
Le plan de réforme globale de 2013 comprend un changement de politique concernant les résidences offertes aux hauts responsables. Pendant des années, ils s'étaient vu offrir des logements permanents qu'eux et leurs familles pouvaient occuper même après leur retraite. La proposition d'héberger uniquement les responsables au pouvoir avait été abordée par le passé, mais n'a été adoptée que sous la direction de M. Xi.
M. Xi était appelé "notre chef de groupe" par le Quotidien du Peuple, le journal phare du PCC, car au cours des cinq dernières années, il a dirigé un grand nombre de groupes dirigeants couvrant des secteurs importants comme la réforme globale, la cybersécurité, la réforme militaire, la finance et les affaires économiques. M. Xi a également annoncé que le PCC devait établir un groupe dirigeant central chargé de faire avancer la gouvernance conformément à la loi dans tous les domaines.
Il s'est personnellement impliqué dans le travail de ces groupes, révisant, phrase par phrase, chaque projet de politique sur les réforme majeures.
Selon les sources proches de M. Xi, tous les rapports qui lui sont soumis, malgré l'heure tardive du soir, sont rendus avec des instructions appropriées dès le lendemain matin.
Sous la direction de M. Xi, un système économique moderne de type nouveau prend forme en Chine, marqué par la réforme structurelle du côté de l'offre, l'innovation, la revitalisation rurale, le développement régional coordonné, l'économie socialiste de marché et le nouveau modèle d'ouverture globale.
Pour aider les responsables à mieux comprendre la nécessité et l'urgence de la réforme structurelle du côté de l'offre, il a cité la frénésie des touristes chinois à acheter des cuiseurs à riz et des couvercles électroniques de toilettes fabriqués au Japon. Un exemple de l'attention accrue qu'il porte aux événements du quotidien.
La vision de M. Xi a été interprétée par l'acte qui a fixé l'objectif global consistant à approfondir la réforme comme l'amélioration et le développement du système du socialisme à la chinoise et la modernisation du système et de la capacité de la gouvernance du pays.
La campagne visant à rendre les institutions de gouvernance plus globales, stables et efficaces, a été qualifiée de "cinquième modernisation", en addition au slogan populaire des "quatre modernisations", à savoir l'agriculture, l'industrie, la défense et la science, prôné pour la première fois par le Parti dans les années 1960.
De la gouvernance conformément à la loi au respect de l'environnement en passant par les valeurs socialistes essentielles et la confiance culturelle, de nouveaux composants ont été ajoutés au concept de modernisation de la Chine.
La vision d"'un grand pays socialiste moderne" de Xi Jinping, axé sur le triomphe du socialisme face au capitalisme sur tous les plans, non seulement guide la Chine pour éviter de tomber dans "le piège des pays à revenu intermédiaire", mais constitue en outre un plan pour la gouvernance des pays socialistes.