Dernière mise à jour à 14h56 le 27/03
Le changement climatique est à notre époque le défi le plus grave et le plus urgent auquel est confronté notre planète. Il exige donc une coopération de tous les pays du monde, y compris la Chine et la France.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié, en octobre 2018, un rapport spécial sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C, dans lequel il soulignait que la température mondiale entre 2017 et 2018 était de 1 °C supérieur au niveau préindustriel. À ce rythme, la température mondiale devrait atteindre 1,5 °C de plus par rapport au niveau préindustriel aux alentours de 2040, voire 2 °C de plus vers 2065. Cela signifie que l'objectif défini par l'Accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement global à 2 °C maximum d'ici la fin du siècle, ne pourrait être accompli, puisque nous dépasserions cette limite 40 ans plus tôt.
Le réchauffement climatique entraînera une multitude de risques sérieux, tels que l'élévation du niveau de la mer, le déséquilibre écologique marin, la fonte des glaciers, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, des pénuries d'eau, la déforestation, la disparition de certaines espèces, la destruction des écosystèmes terrestres, la réduction de la production alimentaire et la propagation des maladies. Ces incidents climatiques mondiaux auront nécessairement un impact sur les secteurs économique, social, environnemental, sanitaire, et même, sécuritaire. De fait, le réchauffement climatique menace gravement la survie de toute l'humanité, de même qu'il compromet le développement et le bien-être des générations futures.
Aucun pays n'est de taille, seul, à affronter ce défi d'envergure mondial que représente le changement climatique. L'humanité partage le même destin, pour le meilleur et pour le pire. C'est pourquoi le multilatéralisme et la coopération gagnant-gagnant constituent l'unique option pour les divers pays du monde. Tous sont appelés à prendre des mesures actives pour coordonner la lutte contre le changement climatique et autres ambitions, comme la croissance économique, l'élimination de la pauvreté, l'amélioration des conditions de vie, la protection de l'environnement, la préservation de la santé et le maintien de la sécurité. Ils doivent déployer de vastes efforts pour façonner une communauté de destin pour l'humanité ainsi que pour promouvoir un développement durable, vert et bas carbone dans le monde.
La Chine et ses succès face au changement climatique
Le président Xi Jinping a souligné que la lutte contre le changement climatique est un besoin intrinsèque pour le développement durable de la Chine et une responsabilité qu'elle doit assumer en sa qualité de grand pays responsable.
D'après les chiffres publiés en 2017, la Chine a obtenu des résultats tangibles au travers de sa contribution indépendante au combat contre le changement climatique. Par rapport à 2005, ses émissions de CO2 par unité de PIB ont diminué de 46 %, le pays prenant ainsi de l'avance sur son objectif de réduire l'intensité carbone de 40 %-45 % à l'horizon 2020. Les structures industrielle et énergétique ont été ajustées et optimisées, de telle sorte que les énergies non fossiles représentent 13,7 % de la production d'énergies primaires, et ce pourcentage pourrait s'élever à 15 % d'ici 2020 ; quant à la part du charbon, elle devrait passer de 72 % à 60 %. Le stock de bois sur pied dans les forêts a atteint 15,1 milliards de mètres cubes, soit un volume supérieur à l'objectif de 13,6 milliards prévu pour 2020. La croissance économique n'a eu de cesse de s'élever sur le plan qualitatif, tout comme l'état de l'environnement et la santé de la population se sont nettement améliorés. De surcroît, le marché national du carbone a été lancé. Il concerne pour l'heure le secteur de la production d'électricité et regroupe plus de 1 700 entreprises.
Comme en témoignent les données ci-dessus, la Chine s'efforce d'avancer vers une transition écologique et un développement sobre en carbone, qui se traduisent par une croissance économique de qualité toujours plus élevée, l'optimisation des structures industrielle et énergétique, la baisse significative de l'intensité carbone, l'économie d'énergie et la réduction des rejets polluants, ainsi que l'augmentation de la synergie entre la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement.
En 2019, la Chine continue à mettre en pratique la pensée de Xi Jinping sur la civilisation écologique et à consolider la structure de la gouvernance coordonnée du gouvernement, en mobilisant largement la participation des médias, des entreprises, des organisations sociales et du peuple. Elle adoptera, avec l'appui de tous les milieux, des mesures plus efficaces pour répondre au changement climatique, afin de tenir 100 % des engagements qu'elle a annoncés pour 2030. Elle s'efforcera d'agir plus activement encore en faveur de la coopération Sud-Sud sur le changement climatique et de travailler avec toutes les parties pour mettre en application l'Accord de Paris et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations Unies, souhaitant que les propositions, la sagesse et les actions de la Chine contribuent à l'établissement d'une civilisation écologique et au développement durable dans le monde.
La Chine et la France, auteurs d'une contribution historique
L'environnement et le climat sont des domaines clés dans la coopération sino-française. D'ailleurs, les deux pays ont ensemble apporté une contribution historique au processus de gouvernance mondiale sur la question climatique.
En Chine comme en France, les dirigeants et les populations attachent une grande importance aux problèmes liés au changement climatique et à l'écologie. Les gouvernements, les collectivités locales, les entreprises et les organismes civils des deux pays ont pris des mesures concrètes pour lutter contre le dérèglement climatique, préserver l'environnement et encourager un développement vert et durable.
Dans le domaine du changement climatique et de l'environnement, la Chine et la France parviennent toujours à mettre de côté leurs divergences de vues pour parvenir à des consensus. La coopération entre les deux pays sur ces sujets permet non seulement de resserrer les relations bilatérales, mais aussi de promouvoir la gouvernance mondiale du climat et de l'environnement. Ces dernières années en particulier, les deux pays ont œuvré de concert pour préparer la signature de l'Accord de Paris et mettre au point les règles relatives à son application, apportant ainsi au monde une contribution historique.
En 2015, au stade critique des négociations de l'Accord de Paris, les chefs d'État chinois et français ont publié une déclaration commune sur le changement climatique, dans laquelle ils définissaient clairement les principes fondamentaux de l'Accord de Paris, ainsi que les objectifs à long terme, l'atténuation ou l'adaptation de ses mesures, son financement, les technologies à exploiter et sa transparence. Les deux parties ont proposé conjointement de dresser, tous les cinq ans, un bilan global de la réalisation des engagements consentis, afin de garantir le respect à long terme des dispositions convenues dans l'Accord de Paris.
Depuis la conclusion et l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris, les dirigeants des deux pays ont émis à plusieurs reprises, dans des grandes enceintes internationales, de forts signaux politiques en faveur du multilatéralisme et de la mise en œuvre de cet accord. Au Sommet du G20 à Buenos Aires en 2018, le président chinois Xi Jinping et le président français Emmanuel Macron ont invité toutes les parties à continuer d'agir pour insuffler un élan politique propice à la coopération internationale sur le changement climatique. Cela a donné une orientation politique essentielle pour le succès de la Conférence de Katowice. Le conseiller d'État et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le secrétaire général des Nations Unies António Guterres ont tenu une conférence sur le changement climatique en marge du sommet, à l'issue de laquelle ils ont publié un communiqué de presse conjoint. Dans ce document, les trois réaffirmaient leur coopération face au changement climatique et leur soutien au « mode d'emploi » pour l'application de l'Accord de Paris tel qu'il est déterminé à la Conférence de Katowice. Les délégations des gouvernements chinois et français ont entretenu une coopération étroite pour concrétiser activement les consensus dégagés par les dirigeants des deux pays.
Les pratiques et les expériences acquises par la Chine et la France au fil de leur coopération dans la lutte contre le changement climatique servent de précédents utiles. Les deux pays peuvent réemployer ces enseignements pour continuer de gérer adéquatement leurs relations bilatérales et de collaborer ensemble pour relever les enjeux mondiaux.
Deux pays qui ont un rôle majeur à jouer
Lors de la Conférence de Katowice sur le changement climatique, qui s'est tenue en Pologne fin 2018, les règles relatives à l'application de l'Accord de Paris ont été adoptées, jetant une base institutionnelle pour la mise en œuvre de cet accord. Ces règles permettront encore de préserver l'efficacité des processus multilatéraux et de cristalliser la confiance dans la coopération internationale pour surmonter les défis du changement climatique.
Malgré des progrès notables, il reste un long chemin à parcourir pour promouvoir la gouvernance mondiale. D'une part, les résolutions multilatérales sur le changement climatique adoptées à travers l'Accord de Paris se heurtent aux politiques unilatéralistes de certains pays. Beaucoup de travail reste à faire, entre délibérations de suivi et tâches de mise en œuvre de l'accord. Certaines règles d'application doivent encore être peaufinées et certains problèmes dans les négociations doivent être résolus, une situation exigeant donc des différentes parties qu'elles déploient de nouveaux efforts considérables. D'autre part, il existe toujours un grand écart entre l'effet qu'auront les contributions indépendantes des pays et l'objectif ciblé, c'est-à-dire limiter la hausse de la température globale à 2° C, voire 1,5 °C. Il est nécessaire que tous les pays s'entraident et fassent tout leur possible pour tenir leurs engagements et leurs promesses d'actions avant 2020. Puis, passé 2020, ils devront persévérer pour accroître leurs initiatives et leur soutien dans la lutte contre le changement climatique.
La France, membre fondateur de l'UE, figure parmi les pays développés les plus influents au monde ; la Chine, quant à elle, est le plus grand pays en développement du monde. Ces deux puissances assument d'importantes responsabilités et missions historiques : celles de préserver la paix mondiale, de défendre le multilatéralisme et de favoriser le développement durable planétaire. À l'heure actuelle, les enjeux climatiques s'aggravent de jour en jour et la gouvernance mondiale fait face à de nombreux défis et difficultés. Dans ce contexte, la Chine et la France, deux pays auteurs d'une contribution historique pour la conclusion, la signature, l'entrée en vigueur et la mise en œuvre de l'Accord de Paris, ont toutes les raisons de conjuguer leurs efforts. Elles doivent, en plus, coopérer avec les différentes parties en recherchant un terrain d'entente dans l'esprit du gagnant-gagnant, à dessein de promouvoir l'application globale, effective et durable de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l'Accord de Paris, ainsi que la transition vers un développement vert et bas carbone à l'échelle du monde.
Une action phare pour le développement des relations bilatérales
2018 a marqué l'Année sino-française de l'environnement. À cette occasion, deux pays ont engagé une série de dialogues politiques fructueux et une coopération pragmatique sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement.
Pour 2019, la Chine formule le vœu de renforcer, sur la base des réalisations accomplies, les échanges et la coopération avec la France dans le combat contre le changement climatique, la conservation de la biodiversité et le développement durable. La Chine et la France doivent poursuivre leurs efforts pour ériger leur coopération sur le changement climatique et l'écologie en une action phare dans le développement des relations bilatérales. Ainsi, ce volet de la coopération sino-française dynamisera le modèle multilatéral, tout en stimulant le dialogue et la coopération entre la Chine et l'UE dans les domaines susmentionnés. En bref, les tâches suivantes sont à concrétiser :
— Promouvoir conjointement la gouvernance mondiale du climat et l'amélioration environnementale. La Chine est disposée à collaborer avec la France pour promouvoir les négociations quant aux règles d'application de l'Accord de Paris. Les deux pays désirent assurer le succès du Sommet sur le climat 2019 des Nations Unies et fédérer la volonté politique de toutes les parties à l'égard de la mise en œuvre de l'Accord de Paris, pour aiguillonner leurs actions et favoriser leur soutien. Les deux parties vont travailler ensemble pour promouvoir, à la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique 2020, l'instauration d'un cadre d'action propice à la protection de la biodiversité mondiale et de l'écologie naturelle. Elles doivent s'efforcer de faire progresser les pourparlers multilatéraux sur le Pacte mondial pour l'environnement et sur la protection des écosystèmes marins de la planète. Il convient pour elles de favoriser les synergies dans tous les domaines, afin de lutter contre le changement climatique et de protéger l'environnement dans le cadre du développement durable.
— Développer la coopération pragmatique aussi bien avec la France qu'avec les tierces parties. La Chine est disposée à intensifier les dialogues politiques et la coopération sur les divers projets avec la France, notamment dans les thématiques suivantes : l'économie d'énergie, l'amélioration de l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, le nucléaire, les réseaux électriques intelligents, l'économie circulaire, l'aménagement urbain et les transports à faibles émissions de CO2, le captage et le stockage du CO2, la finance verte, le marché du carbone et les technologies sobres en carbone. La Chine envisage de développer, de concert avec la France, la coopération avec les parties tierces afin d'aider d'autres pays en développement à agir pour : économiser l'énergie et réduire leurs émissions ; développer les énergies renouvelables ; améliorer les systèmes d'alerte précoce et de prévision ; perfectionner les méthodes de prévention et de réduction des calamités naturelles ; augmenter les moyens (planification, transparence et financement) de lutte contre le changement climatique ; et construire ensemble « la Ceinture et la Route » selon une démarche écologique et bas carbone.
— Renforcer la communication au niveau populaire et entre les think-tanks. L'Institut du changement climatique et du développement durable de l'université Tsinghua est un think-tank professionnel qui a été fondé en décembre 2017. J'en suis le directeur fondateur. En adoptant une approche centrée sur la Chine mais toutefois tournée vers le monde, nous participons activement au processus historique qu'est la construction d'une communauté de destin pour l'humanité. Pour ce faire, nous menons une série d'actions favorables à la diffusion du savoir-faire, la recherche académique, les échanges internationaux et les initiatives, ce qui nous a valu des éloges de la part de la communauté internationale. En 2019, nous allons convier des personnalités françaises agissant contre le changement climatique à donner des conférences à l'université Tsinghua. Nous prévoyons aussi d'organiser un dialogue de haut niveau sur la mise en œuvre de l'Accord de Paris avec un certain nombre d'institutions françaises concernées, et d'inviter des universités françaises impliquées à participer à la création d'une alliance universitaire internationale sur le changement climatique. En outre, nous souhaitons cultiver la mobilisation populaire dans la coopération sino-française en matière de développement durable, vert et à faibles émissions de carbone. Nous veillerons à formuler des conseils et propositions pour l'exploration d'une voie de développement écologique et bas carbone, présentant des coûts bas, des rendements élevés, des risques contrôlables et de vastes perspectives, à la fois dans l'intérêt de la Chine, de la France et de la communauté internationale.
Par XIE ZHENHUA, représentant spécial de la Chine pour les affaires liées au changement climatique ainsi que directeur de l'Institut du changement climatique et du développement durable de l'université Tsinghua.