Le potentiel de croissance dans le corridor Chine-Afrique

Le potentiel de croissance dans le corridor Chine-Afrique, qui signifie aider les entreprises chinoises à développer leurs activités en Afrique, est immense et deviendra une source de revenus majeure pour les prêteurs, selon des dirigeants de banques familiarisés avec le sujet.

Absa Group Ltd, l'un des plus grands groupes de services financiers en Afrique, présent dans 12 pays, a vu ses revenus générés par le corridor Chine-Afrique croître de 40% pour l'année 2018, par rapport à l'année précédente.

"Notre histoire est en grande partie ancrée dans les corridors Royaume-Uni-Afrique, Europe-Afrique, qui font référence à des entreprises clientes britanniques ou européennes qui investissent ou font des affaires en Afrique. C'est d'où provient une partie importante de notre chiffre d'affaires et que le corridor Chine-Afrique que nous avons tracé dans nos futurs budgets peut atteindre la même taille que nos corridors historiques ", a déclaré Cheryl Buss, directrice des services bancaires aux entreprises du groupe Absa.

Vu le grand appétit des entreprises chinoises qui envisagent de s'implanter en Afrique, elle estime que les perspectives de croissance du chiffre d'affaires d'Absa sont probablement plus importantes en provenance du corridor Chine-Afrique que des corridors Royaume-Uni-Afrique, Europe-Afrique.

«Le potentiel de croissance du corridor Chine-Afrique est vraiment énorme car l'Afrique a de nombreux besoins pour les prochaines années en raison de la croissance démographique», a exprimé Yann de Nanteuil, directeur adjoint de la société Afrique pour la Société Générale, une banque de premier plan opérations dans 19 pays africains.

"L'Afrique n'est pas en mesure de répondre à tout seule et devra obtenir des investissements de la part de pays étrangers. En raison des besoins énormes dans divers secteurs tels que les transports, la logistique, l'agriculture et l'eau, les entreprises chinoises développeront leurs activités en Afrique et besoin de plus en plus de produits et services financiers au niveau local ", a-t-il indiqué.

La Chine est le principal partenaire commercial de l'Afrique depuis une décennie maintenant. Le volume du commerce bilatéral a augmenté de 20% en un an pour atteindre 204,2 milliards de dollars en 2018, a fait savoir Qian Keming, vice-ministre du Commerce, lors d'une conférence de presse à Beijing en juin.

"La grande différence que nous voyons en termes d'avantage de la Chine réside dans le fait qu'elle offre un soutien beaucoup plus important au-delà des avantages commerciaux en Afrique. Elle a été un acteur clé dans les besoins en infrastructures de nombreux pays d'Afrique. Cette idée a été appréciée par plusieurs pays africains" selon Anand Naidoo, directeur général de la couverture client chez Absa.

Identifiant l'électricité, les infrastructures, les mines, le pétrole et le gaz, les télécommunications, les médias, la technologie et l'agriculture en tant que secteurs clés de la croissance en Afrique, M. Naidoo a déclaré que la Chine jouait un rôle clé dans tous ces secteurs.

"Traditionnellement, nous avons vu la Chine jouer un rôle important dans certains domaines d'infrastructure. Au cours des dernières années, nous avons vu un grand nombre de sociétés chinoises jouer un rôle de premier plan dans les secteurs de la technologie et des télécommunications", at-il dit.

Pierre-Yves Bonnet, responsable de groupe dans le pays et président de Société Générale (China) Ltd, a également partagé ses observations sur l'évolution des entreprises chinoises opérant en Afrique au cours des deux dernières décennies.

Selon Bonnet, la première vague d'entreprises chinoises entrant en Afrique se situe généralement dans les secteurs du pétrole et du gaz ou des infrastructures, principalement des ports. La deuxième phase est davantage dédiée aux infrastructures intérieures. De grandes entreprises de construction chinoises viennent y construire des routes, des ponts et des aéroports."

La troisième vague d'investissements viendrait davantage dans le secteur manufacturier ou dans de nouveaux secteurs tels que la technologie et les télécommunications, et les gens verraient davantage d'entreprises privées entrer en Afrique", a-t-il déclaré.

La Société Générale a décidé de créer des connecteurs relationnels dédiés pour les entreprises chinoises en Afrique. La banque a créé des bureaux d'affaires en Chine dans des pays africains clés. Parlant chinois, anglais et français, les gestionnaires de clientèle aux guichets sont entièrement dédiés au service des entreprises chinoises.

«Après la mise en place de ces organisations, la Société Générale a vu une augmentation considérable du nombre de clients chinois travaillant avec son réseau en Afrique, passant de moins de 50 il y a trois ans à 400 aujourd'hui, et la tendance continue à se renforcer" a déclaré De Nanteuil.

La banque européenne et Absa ont annoncé en janvier un accord commercial portant sur une offre combinée de services bancaires de gros afin de mieux servir leurs clients sur l'ensemble du continent africain. Cet accord comprend une offre combinée dédiée aux entreprises chinoises opérant en Afrique, ce qui leur permettrait de bénéficier d'une couverture géographique élargie avec des produits et services bancaires complémentaires.