Dernière mise à jour à 10h33 le 09/02
(Photo/Xinhua) |
Les réalisations de la Chine en matière de lutte contre la pauvreté et ses nouveaux engagements pour consolider les résultats de l'année dernière n'ont pas été faciles à obtenir, en particulier face aux défis posés par la pandémie COVID-19.
Selon une proposition du Comité central du Parti communiste chinois dévoilée en novembre, face à de tels vents contraires, la Chine s'emploiera à créer des mécanismes pour surveiller la récurrence de la pauvreté et continuer à autonomiser les agriculteurs vulnérables. Ces mesures, a ajouté le document, visent à consolider et à étendre les fruits d'une longue campagne de lutte contre la pauvreté qui a été intensifiée par le président Xi Jinping.
La proposition a été dévoilée alors que la Chine passe de l'éradication de la pauvreté absolue à la revitalisation complète des zones rurales, un élément essentiel de la poursuite globale de la prospérité et du développement communs.
Le document d'étape, intitulé « Propositions pour la formulation du 14e Plan quinquennal (2021-25) pour le développement économique et social national et les objectifs à long terme jusqu'en 2035 », donne un aperçu des priorités du gouvernement pour les cinq prochaines années.
Les autorités centrales ont redoublé leurs efforts de réduction de la pauvreté il y a neuf ans, avec pour objectif de mettre fin à la pauvreté absolue avant cette année et à bâtir une « société moyennement prospère à tous égards ». La lutte contre la pauvreté rurale est devenue une pièce maîtresse du 13e Plan quinquennal (2016-20), la participation des agriculteurs pauvres et des régions éloignées au développement du pays étant une priorité.
La Chine a investi plus de 1 200 milliards de yuans (183 milliards de dollars) dans des fonds de lutte contre la pauvreté dans les régions pauvres entre 2016 et 2019, sur des mesures telles que la rénovation des maisons, la modernisation des routes, l'aide aux familles pauvres pour payer leurs factures médicales et la réduction des taux d'abandon dans les écoles primaires et intermédiaires.
Selon Wu Haitao, professeur spécialisé dans la pauvreté rurale à l'Université d'économie et de droit de Zhongnan, cet apport financier massif a conduit de nombreux chercheurs en politique à se demander s'il pouvait être maintenu. Mais cette spéculation n'a désormais plus lieu d'être car, a-t-il souligné, « la proposition indiquait clairement que le financement durera ».
Les autorités discutent de la consolidation des réalisations en matière de lutte contre la pauvreté depuis la fin de 2019, lorsque la Chine est entrée dans la dernière partie de sa campagne de lutte contre la pauvreté, qui a sorti plus de 93 millions de personnes de la pauvreté rurale entre 2012 et cette année-là.
Zhang Qi, professeur d'économie régionale à l'Université normale de Beijing, qui étudie les affaires rurales et les problèmes de pauvreté, a pour sa part noté que demander aux autorités locales de développer ces fruits était une nouvelle directive. Il l'a interprété comme un signe que la couverture des programmes d'assistance sera élargie. La population dite à faible revenu, celles qui ne sont pas en dessous du seuil de pauvreté actuel mais qui restent vulnérables à l'appauvrissement, deviendront probablement les nouveaux bénéficiaires, a-t-il indiqué.
« Les autorités devront également veiller à ce que les régions rurales aient des industries qui durent et que les agriculteurs pauvres aient un emploi stable, en particulier ceux qui ont participé à des programmes de relocalisation de réduction de la pauvreté », a-t-il ajouté.
Le document réitère également les stratégies de développement rural existantes, a de son côté déclaré Zhang Yaguang, vice-doyen de l'École d'économie de la Peking University, avec le mot « assistance » qui apparait cinq fois dans un court paragraphe sur la lutte contre la pauvreté et la revitalisation rurale, faisant ressortir le thème. Les mots « mécanisme » et « système » sont également apparus à plusieurs reprises, un signe révélateur que les autorités mettent davantage l'accent sur la résolution du problème par la planification scientifique, a-t-il noté.
Selon M. Zhang, « Le document a clairement indiqué que l'objectif dans la période post-lutte contre la pauvreté est de parvenir à une prospérité commune ».
Le document a également évité d'utiliser le terme « appauvris » pour décrire les personnes et les régions ciblées par les nouveaux programmes d'aide. Au lieu de cela, il utilise des adjectifs tels que « faibles revenus » et « moins développés ».
Pour Lin Wanlong, professeur d'économie et de gestion à l'Université d'agriculture de Chine à Beijing, le choix du libellé est une référence tacite à la fin de la tâche de lutte contre la pauvreté. Mais il a noté que c'était plus qu'un simple changement de mots. « Cela signifie que la population et les régions ciblées par les nouvelles politiques ont changé », a-t-il dit, suggérant que certaines régions qui étaient auparavant négligées par le groupe de travail sur la lutte contre la pauvreté pourraient devenir les bénéficiaires du nouveau programme de revitalisation des régions rurales.
Le terme de population « à faibles revenus » a attiré une large attention en mai, lorsque le Premier ministre Li Keqiang a déclaré lors d'une conférence de presse à Beijing qu'environ 600 millions de Chinois gagnaient environ 1 000 yuans (141 dollars) par mois, à peine assez pour un loyer dans des villes de taille moyenne, ajoutant que l'épidémie de COVID-19 a en plus rendu la vie des personnes vivant dans les communautés à faibles revenus encore plus difficile l'année dernière, annonçant que le gouvernement renforcera ses politiques sur mesure pour atténuer les effets de l'épidémie sur ces personnes.