Dernière mise à jour à 11h00 le 13/07
Selon plusieurs spécialistes, la capacité de la Chine à innover ne devrait pas souffrir de la guerre commerciale avec les États-Unis, bien qu'un tel conflit puisse poser un certain nombre de défis à la circulation des savoirs à travers le monde.
La Chine a fait son entrée dans la liste des 20 économies les plus innovantes au monde dans l'Indice mondial de l'innovation 2018 qui a été rendu publique mardi à New York. La Chine est également la seule économie à revenu intermédiaire à faire partie du classement.
L'indice, qui est publié chaque année par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), classe les différentes économies du monde selon leur capacité à innover.
La Chine est passée du 22e rang l'année dernière au 17e rang cette année, devenant ainsi un exemple à suivre pour les économies à revenu intermédiaire.
Francis Gurry, directeur général de l'OMPI, a loué la « stratégie extrêmement soucieuse » des dirigeants chinois qui « encouragent l'innovation et s'assurent que le pays adopte une économie qui s'appuie sur l'innovation ».
M. Gurry a également fait remarquer que la montée continue de la Chine au classement était une tendance à laquelle on pouvait s'attendre.
La Suisse conserve sa position en haut du classement pour la 8e année consécutive. Les Pays-Bas, la Suède, la Grande-Bretagne, Singapour, les États-Unis, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne et l'Irlande constituent le peloton de tête.
Pour établir son classement, l'indice évalue 126 économies et s'appuie sur 80 indicateurs, comme le niveau de l'investissement scientifique et technologique ou encore le nombre de brevets déposés.
Depuis 2013 où elle n'était classée que 35e, la Chine est rapidement montée au classement.
Sacha Wunsch-Vincent, expert économique auprès de l'OMPI qui a dirigé la rédaction du rapport de cette année, affirme qu'il est optimiste quant au fait que l'innovation mondiale et la croissance mondiale soient possibles. Cependant, il redoute que plusieurs difficultés récentes, comme la guerre commerciale, puissent poser un problème à la circulation du savoir dans le monde.
Pour Chen Dongmon, professeur à l'École de l'innovation et de l'entreprenariat de l'université de Pékin, la Chine ne souffrira pas de ces difficultés.
Selon Chen, pour poursuivre son ascension au classement, il est fondamental que la Chine améliore et inspire la capacité d'innovation des entreprises d'État et accroisse leur capacité à concrétiser en produits les brevets scientifiques et technologiques qu'elles déposent.
Par le passé, l'investissement étranger en Chine contribuait grandement au PIB du pays, mais n'a jamais joué un grand rôle dans l'amélioration de sa capacité d'innovation, explique Chen.
Selon Chen, le classement montre que la Chine est désormais entrée dans le club privilégié des pays les plus innovants, accomplissant ainsi l'objectif fixé par le gouvernement central pour l'année 2020. Il reconnaît que ce bond en avant est le fruit des politiques du gouvernement chinois pour favoriser l'innovation.
Chen Hongbing, directeur de l'antenne chinoise de l'OMPI, a déclaré que la Chine devait conserver son esprit d'ouverture afin d'améliorer encore davantage sa capacité d'innovation.
« La Chine a su attirer un grand nombre d'investisseurs étrangers qui apportent leur dose d'innovation dans le management et dans les savoir-faire. Ce genre d'expérience peut aider la Chine à davantage innover », explique-t-il, avant d'ajouter qu'une attitude ouverte « est ce que promeut actuellement le gouvernement chinois, tout comme il insiste sur la globalisation ».