Les éleveurs d'holothuries chinois dévastés par la vague de chaleur actuelle

Les hautes températures qui règnent actuellement sur la Chine sont fatales pour les holoturies, ou concombres de mer, une espèce qui prospère dans une eau de mer plus fraîche. Interrogé sur la production d'été de sa ferme d'holoturies -connue sous le nom de Yushengyuan- à Dalian, dans la province du Liaoning, Sun Guanghao, son gérant, n'a pu qu'émettre un triste soupir.

« Des centaines d'hectares d'holoturies sont morts à cause de la chaleur qui a persisté pendant une semaine », a-t-il dit. « Cela faisait des décennies qu'on n'avait pas vu une vague de chaleur aussi longue dans cette région ». Il a ajouté que les pertes économiques pour sa seule exploitation pourraient dépasser 50 millions de yuans (7,3 millions de dollars).

Sun Guanghao n'est qu'un parmi un nombre croissant de producteurs d'holothuries de cette province côtière qui ont subi un coup sévère avec l'extension de la vague de chaleur à une province naguère plus fraîche du nord-est du pays au cours des dernières semaines.

Selon l'autorité de la pêche marine locale, cette météo étouffante, qui s'est installée dans le Liaoning depuis le 28 juillet, a fait des ravages sur plus de la moitié des 122 000 hectares de zones de reproduction d'animaux marins de la province, avec des pertes économiques d'un montant de 6,8 milliards de yuans (994 millions de dollars).

Dalian, une ville touristique connue pour son temps frais en été, est une importante zone de production pour les holothuries. D'après un rapport de l'industrie publié en juillet, près d'un quart de la production nationale est venu de cette ville côtière en 2016.

L'holothurie est une espèce qui prospère dans de l'eau saline comprise entre 10 et 18° C. Lorsque la température atteint 24° C, elle entre dans un état dormant. Des températures supérieures à 28° C peuvent lui être fatales.

La plupart des pisciculteurs locaux élèvent cette espèce dans des bassins clos, une pratique qui permet d'accélérer la croissance de l'animal. Mais une circulation de l'eau insuffisante les rend aussi sensibles à la chaleur en été.

Selon Sun Guanghao, le directeur de la ferme, la ville a déjà vu des vagues de chaleur auparavant, mais elles duraient en général un jour ou deux. La dernière de cette année a été très longue, et elle a été dévastatrice pour sa ferme.

« Quand le temps chaud dure plus de trois jours, l'espèce commence à mourir en grand nombre. Une semaine plus tard, on avait bien du mal à en trouver quelques unes encore vivantes », a-t-il dit.

Le centre météorologique local a émis une série d'avertissements à la chaleur. Les 2 et 3 août derniers, les températures dans la plupart des régions de l'intérieur de la province ont dépassé 37° C et dans la capitale de la province, Shenyang, le thermomètre a même atteint 38,4° C le 2 août, son plus haut niveau depuis les années 1950.

Selon un reportage de la Télévision centrale de Chine, des compagnies d'assurance de Dalian proposent bien une assurance sur la température de l'eau depuis 2014 pour les éleveurs locaux d'holothuries, qui compense les pertes causées par des températures chaudes. Mais cette assurance n'a guère rencontré de succès, et seulement deux fermes l'ont contractée cette année.

Sun Guanghao n'a quant à lui pas voulu la prendre parce que la prime était trop élevée, allant de 1 500 à 4 500 yuans (219 à 657 dollars) par hectare.