La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et la Ligue française des droits de l'homme (LDH) ont décidé jeudi de porter plainte contre X, à Paris, suite aux récentes révélations sur un vaste programme de cyber-espionnage mis en place par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA).
"L'objet de cette plainte, c'est un scandale incroyable, puisqu'à notre connaissance (...), on n'a pas eu une telle atteinte aux libertés individuelles de façon aussi massive et de la part d'un Etat étranger", a déclaré jeudi l'un des avocats de la FIDH, Me Emmanuel Daoud.
Ce scandale "concerne potentiellement tous les citoyens français, tous les internautes français dès lors que ces derniers utilisent Google, Microsoft, Apple, Skype et d'autres sociétés qui sont également visées (par la plainte)", a expliqué Me Daoud sur la radio France Info.
Les deux organismes de défense des libertés et droits individuels dénoncent, par leur action en justice, "une collecte massive de données personnelles à l'insu (des Français) et (menée) de façon totalement frauduleuse".
La FIDH et la LDH visent, de fait, deux agences de renseignement américaines, à savoir la NSA et le FBI, ainsi que neuf sociétés américaines, soupçonnées d'avoir mis leur serveur à la disposition des agents de cybersurveillance américains : Microsoft, Yahoo, Google, Paltak, Facebook, Youtube, AOL, Apple et Skype.
Me Daoud a mis en avant que ces sites incontournables de la Toile auraient permis à la NSA et au FBI de pénétrer leurs serveurs et de s'installer à demeure "pour collecter, siphonner toutes les données de tous les clients, internautes utilisant les services de ces sociétés".
Il a expliqué que la FIDH et la LDH ont choisi de se tourner vers "l'autorité judiciaire, gardienne des libertés individuelles" pour demander des explications aux auteurs du programme Prism, dont les rouages ont été dévoilés, le mois dernier, par le lanceur d'alerte et ex-consultant de la NSA, Edward Snowden.
"Nous pensons qu'il serait opportun d'engager des investigations à l'égard de ces agences américains mais aussi de ces sociétés américaines et peut-être des filiales françaises de celles-ci", a ajouté l'avocat, concluant sur le caractère "totalement attentatoire aux libertés individuelles" du programme de cyber-espionnage américain.