Dans un entretien publié mercredi, le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, membre du parti écologiste français, Europe Ecologie - Les Verts (EELV), n'a pas mâché ses mots au sujet de son homologue à l'Intérieur, Manuel Valls, qu'il accuse de "déclencher le désordre" en évoquant notamment une éventuelle remise en question du regroupement familial.
"J' ai été surpris par la sortie de Manuel Valls sur la politique migratoire lundi lors du séminaire de rentrée. Pour quelqu' un qui veut incarner l' ordre, c' est lui qui déclenche le désordre", a affirmé M. Canfin dans une interview mise en ligne par l' hebdomadaire Le Journal du Dimanche.
Selon la presse française, M. Valls a avancé, au cours de cette rentrée gouvernementale consacrée à la vision nourrie par les ministres pour leurs pays à l' horizon 2025, que l' évolution démographique du continent africain amènerait la France à revoir sa politique d' immigration.
Interrogé à ce sujet le lendemain, mardi, sur la chaîne d' information BFM-TV, le ministre de l' Intérieur à réaffirmé la nécessité pour les autorités françaises et européennes de reconsidérer leurs politiques migratoires, "notamment sur le bassin méditerranéen". "Toutes les questions seront posées", y compris le regroupement familial, a souligné M. Valls.
Ce point de vue est loin d' être partagé par M. Canfin, qui s' est étonné de voir cette question qui ne concerne que 15.000 personnes par an dans l' Hexagone devenir "un des principaux problèmes de la France, aujourd' hui comme dans dix ans".
"Sur le fond, le regroupement familial est un droit internationalement reconnu", a mis en avant ce "Vert", membre de l' actuel gouvernement socialiste français.
Son homologue au Logement, Cécile Duflot, elle aussi écologiste, a également souligné que le droit de vivre en famille est garanti par l' article 8 de la Convention européenne des droits de l' Homme, dans une interview publiée mercredi par le journal français de gauche Libération.
"Je crois que la question ne se pose même pas : (ce droit) ne souffre pas d' exception", a-t-elle estimé. Mme Duflot a, en outre, pris position au sujet de la sourde opposition entre les ministres de l' Intérieur et de la Justice, M. Valls et Christiane Taubira, au sujet de la réforme pénale, qui doit être adoptée par le gouvernement à la rentrée.
Le discours sécuritaire tenu par M. Valls, qui a récemment défendu une politique pénale "sévère" et "efficace" ne trouve pas grâce aux yeux de Mme Duflot. "En matière de justice, il n' y a qu' une seule ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira", a indiqué la ministre française.