Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, était l'invité jeudi soir du très suivi journal de 20 heures de la chaîne de télévision française TF1. Le lendemain, vendredi, la presse française n'a guère été tendre avec le chef du gouvernement français, dont la crédibilité souffre en raison des sondages de plus en plus défavorables à son endroit et des critiques acerbes provenant de sa propre majorité de gauche.
Le journal français de droite Le Figaro souligne la volonté de M. Ayrault de "reprendre la main, se remettre en selle après les polémiques à répétition de ces derniers jours", grâce à cette intervention télévisée.
"Mais la contre-attaque tant attendue n'aura finalement été qu'un long exercice d'autojustification, mené par un Premier ministre sur la défensive", sans "aucune annonce nouvelle à faire".
Très sévère à son égard, l'éditorialiste du Figaro dénonce notamment le pari "hasardeux" de la réforme fiscale pris fin novembre par le Premier ministre, qui a rappelé jeudi soir que ce "chantier" avait d'ores et déjà été lancé.
"Jean-Marc Ayrault mérite les critiques dont il fait l'objet. Mais son chef plus encore. Avis à ceux qui veulent le succéder", conclut-il, englobant le président François Hollande dans sa condamnation de la politique de la majorité socialiste au pouvoir en France depuis mai 2012.
Le grand quotidien français Le Monde souligne lui aussi la mauvaise posture du chef du gouvernement, résumant la situation par une formule laconique et claire : "chacun pour soi, tous contre Ayrault".
"S'il a ressoudé les liens avec la majorité parlementaire (grâce au soutien constant du ministre chargé des relations avec le Parlement, Alain Vidalies), le Premier ministre s'est coupé de la plupart des poids lourds du gouvernement", constate le journal.
"Le lien avec Bercy (siège du ministère français de l'Economie, peu convaincu par le projet de réforme fiscale de M. Ayrault) est durablement endommagé", poursuit-il, citant ensuite les détenteurs d'autres portefeuilles ministériels clés que sont Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Manuel Valls (Intérieur) comme étant hostiles au maintien du Premier ministre.
Selon Le Monde, c'est M. Valls, qui "au faîte des sondages, est désormais identifié par les proches du Premier ministre comme l'adversaire numéro un au sein du gouvernement".
"Cela ne signifie pas que le remaniement est pour demain", tempère le quotidien du soir, qui constate néanmoins "un dysfonctionnement croissant entre les pôles de l'exécutif".
Le Premier ministre français peut cependant se targuer d'un soutien de taille, qui ne s'est pas démenti à ce jour : celui du président François Hollande. "(Le président) et moi sommes en total accord", a sobrement souligné jeudi soir M. Ayrault, comme le rappelle Le Parisien.