Des milliers de Turcs sont descendus dans les rues à Istanbul mercredi pour exiger la démission du gouvernement suite à la révélation d'un enregistrement dans lequel le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et son fils discutent de la façon de faire disparaître de grandes sommes d'argent alors qu'une enquête anticorruption est en cours.
Quelques 5.000 personnes se sont rassemblées dans la rue Istiklal, la plus fréquentée d'Istanbul, dans le cadre d'un rassemblement organisé par le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), demandant au gouvernement de présenter sa démission.
Le chef du CHP, Kemal Kilicdaroglu, a affirmé que l'enregistrement est authentique, indiquant que son parti l'a fait examiner par des experts vocaux.
Lors du rassemblement, la foule a scandé "Les voleurs sont ici", et a symboliquement jeté 30 millions de faux euros dans les rues.
"Mon père est un employé à la retraite et il gagne 800 livres turques (environ 380 dollars)", a déclaré à Xinhua le chef adjoint de la section stambouliote "Jeunes" du CHP, Firat Erdogan. "Moi, je dis à mon père que je n'ai que 20 livres dans ma poche pour finir la semaine... (Mais) le fils du Premier ministre s'inquiète, lui, avec son père, de 30 millions restés à la maison", a-t-il déclaré, faisant allusion à la conversation entre le Premier ministre et son fils contenue dans l'enregistrement audio.
Des milliers de policiers antiémeute ont été déployés sur l'emblématique place Taksim et à proximité du parc Gezi dans le centre d'Istanbul.
Il s'agit de la deuxième manifestation en une semaine suite à la diffusion de l'enregistrement dans les médias du pays.
Des milliers de personnes ont manifesté dans 11 villes mardi soir, y compris la capitale Ankara, Istanbul, Izmir, Antalya et Antakya.
Dans l'enregistrement audio, qui a été diffusé sur Internet lundi soir, le Premier ministre turc ordonne à son fils Bilal Erdogan de faire disparaître une grande quantité d'argent juste après l'ouverture d'une enquête anticorruption le 17 décembre, lorsque la police a mené des perquisitions aux domiciles des fils de trois ministres, a rapporté la presse locale.
Le Premier ministre a rejeté ces allégations, qualifiant l'enregistrement de "faux".
L'enregistrement dévoilé est une "attaque infâme" qui ne restera pas impunie, a-t-il déclaré mardi aux députés lors d'une session du Parlement.
Il a estimé que l'enregistrement s'inscrit dans le cadre d'une "manipulation visant à renverser le gouvernement", ajoutant que "cette tentative de coup d'Etat ne restera pas sans réponse".