Dernière mise à jour à 10h22 le 15/08
Un nombre croissant de voix s'élèvent pour demander au Premier ministre japonais Shinzo Abe de présenter des excuses sincères dans sa déclaration de commémoration du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale.
"Les atrocités commises par le Japon sont connues dans le monde entier et ont été reconnues par des tribunaux internationaux", a souligné Natalino Ronzitti, professeur émérite de droit international à l'Université LUISS de Rome et expert de l'Institut des affaires internationales de Rome.
"La mémoire historique est importante pour progresser et veiller à ce que certaines atrocités ne se reproduisent pas", a-t-il déclaré.
Le renforcement des échanges commerciaux et des relations économiques entre la Chine et le Japon ne pourra pas effacer la complexité du XXe siècle, un siècle durant lequel l'expansionnisme japonais a été caractérisé par une violente agressivité envers tous les peuples d'Asie de l'Est, a noté Davide Rossi, historien et directeur de l'Institut d'histoire et de philosophie de la pensée contemporaine (ISPEC) à Locarno.
"Les morts, les massacres, les villages détruits, la torture, la réduction en esclavage des femmes et des hommes de Chine et d'autres nations asiatiques représentent des blessures que les gouvernements japonais ont tenté de panser par le passé, mais malheureusement, le gouvernement nationaliste de M. Abe tente de se soustraire [à cette obligation]", a déclaré M. Rossi à Xinhua.
M. Abe devrait prononcer une déclaration vendredi pour commémorer le 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale.
La communauté internationale suivra de près cette déclaration, en particulier les pays asiatiques qui ont grandement souffert de la guerre et de l'invasion japonaise.
Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Yun Byung-se, a indiqué que son gouvernement avait de nouveau demandé que la déclaration de M. Abe reprenne entièrement et clairement la perception de l'histoire adoptée par les déclarations précédentes des anciens Premiers ministres japonais.
Si M. Abe fait cela, les relations entre la Corée du Sud et le Japon connaîtront un nouvel élan, a souligné M. Yun, qui a souhaité qu'un véritablement rapprochement s'opère en Asie du Nord-Est.
La Corée du Sud a appelé M. Abe à inclure quatre mots clés dans sa déclaration, à savoir "guerre d'agression", "colonisation", "excuses" et "remords", pour reprendre ainsi la perception de l'histoire adoptée dans les déclarations des Premiers ministres Tomiichi Murayama et Junichiro Koizumi en 1995 et 2005.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également appelé le Japon à réfléchir sur son histoire militariste afin d'aller de l'avant.
Le pays devrait "avancer vers un avenir meilleur grâce à une véritable réconciliation et à un esprit de coopération fondé sur une réflexion humble sur l'histoire", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole de M. Ban.
Le groupe Bloomberg a indiqué dans un rapport publié jeudi que les relations du Japon avec ses voisins se sont dégradées à cause du désir de M. Abe de renforcer sa puissance militaire.
"Au 70e anniversaire de la reddition de ce pays lors de la Seconde Guerre mondiale, le défi de M. Abe est de garder d'un côté sa base nationaliste, tout en montrant assez de remords afin de permettre un dégel" des relations avec ses voisins, a ajouté le groupe.
"Après 70 ans, un chapitre douloureux de l'histoire de la région aurait dû être fermé par ceux qui ont contribué et subi la douleur de la Seconde Guerre mondiale", pouvait-on lire dans un article du quotidien singapourien The Straits Times.
Le quotidien ajoute que "le poids de l'histoire et ses propres actions ont également fait passer ce devoir au Premier ministre japonais Shinzo Abe" lorsqu'il fera sa déclaration marquant cet anniversaire.