Dernière mise à jour à 10h22 le 15/08
En mentionnant les précédentes excuses du gouvernement japonais dans sa déclaration prononcée vendredi à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Premier ministre Shinzo Abe espère faire un pas en avant vers la réconciliation avec les pays voisins.
Cependant, étant donné le contexte prudemment calibré dans lequel il a intégré ces termes "trop fondamentaux pour être évités", son excuse a été au mieux une excuse diluée, marquant seulement un départ boiteux pour établir la confiance avec les pays voisins.
Suivi de près tant au Japon qu'à l'étranger, M. Abe s'est aventuré sur un terrain glissant avec ses ruses linguistiques, tentant de faire plaisir à sa base droitiste tout en évitant d'endommager davantage les liens du Japon avec ses voisins.
Cette déclaration diluée est, en substance, une régression comparée à la déclaration prononcée en 1995 par le Premier ministre Tomiichi Murayama, qui avait admis de manière courageuse et honnête le passé du Japon en temps de guerre et qui avait exprimé "de profond remords" et des "excuses venant du fond du coeur" pour les crimes de guerre commis par son pays.
Au lieu d'offrir des excuses non ambiguës, la déclaration de M. Abe est remplie de tournures rhétoriques comme "maintenir note position d'excuse", signe révélateur de son révisionnisme historique profondément ancré qui hante et empoisonne les relations internationales du Japon.
En ajoutant qu'il n'est pas nécessaire pour les futures générations du Japon de continuer à s'excuser, M. Abe a semblé indiquer que ses excuses étaient les dernières, et que l'on pouvait maintenant tourner la page.
Cependant, les pays qui ont souffert de l'agression japonaise n'oublieront jamais cette période noire de l'histoire, tout comme les Japonais n'oublieront jamais les scènes horribles des villes d'Hiroshima et Nagasaki après le largage des bombes atomiques.
Ces excuses à demi-mots n'aident pas vraiment le Japon à éliminer le manque de confiance qu'on lui accorde. Elles échouent à raffermir -- si ce n'est qu'elles entament davantage -- la crédibilité dont le gouvernement Abe a besoin pour remettre sur les rails les relations du Japon avec ses voisins asiatiques.
Le rêve de "pays normal" que M. Abe ne cesse de clamer semble encore bien loin. La voie menant à cet objectif ne peut être pavée de réticence à faire des excuses sincères pour les atrocités commises par le Japon impérial.
M. Abe devrait garder en tête qu'une réelle réconciliation en Asie de l'Est ne sera pas possible tant que le Japon sera vu comme un pays reniant ses crimes passés, image qu'il a aidé à forger à de nombreuses reprises, en visitant notamment le temple controversé de Yasukuni et en étouffant l'histoire du Japon en temps de guerre.
Etant donné les antécédents de M. Abe sur ce dossier sensible de l'histoire, ses excuses frelatées sont loin d'être assez pour que les voisins du Japon et la communauté internationale dans son ensemble baissent leur garde.
Pour le bien de l'avenir du Japon et de la stabilité de l'Asie, le monde devrait continuer à observer avec attention les mots et les actions du Japon concernant l'histoire, et joindre leurs efforts pour aider M. Abe à se remettre dans le droit chemin.