Dernière mise à jour à 09h04 le 19/11
Le procureur de Paris François Molins a annoncé mercredi soir lors d'une conférence de presse que l'assaut donné dans la nuit de mardi à mercredi à Saint-Denis a fait au moins deux morts de la part des terroristes présumés et qu'Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam, recherchés par la police, ne font pas partie des huit gardé à vue.
Au moins deux personnes ont été tuées du côté des terroristes durant l'opération menée mercredi à l'aube contre un appartement à Saint-Denis, ville située au nord de Paris, a confirmé le procureur, ajoutant qu'au total huit gardes à vue sont en cours, soit sept homme et une femme, dont trois ont été interpellés dans un raid contre un autre appartement dans l'immeuble.
L'opération de Saint-Denis a été déclenchée suite à un témoinage reçu lundi sur la présence en France d'Abdelhamid Abaaoud, un Belge d'origine marocaine et cerveau présumé des auteurs des attentats terroristes de vendredi 13 novembre à Paris faisant au moins 129 morts, a rélévé M. Molins, faisant remarquer que cinq policiers ont été blessés pendant l'opération.
Le procureur de Paris a également affirmé qu'il n'est pas en mesure de donner un bilan définitif du nombre de morts ni des identités.
"L'enquête a considérablement progressé et tout laisse à penser qu'au regard de leur armement, de leur organisation structurée et de leur détermination, ce commando pouvait passer à l'acte", a déclaré le procureur.
Il a souligné la logistique "considérable" utilisée par trois commandos coordonnés : véhicules, téléphonie, armes et logements conspiratifs. Concernant les véhicules, une Polo, une Seat et une Renault Clio sont arrivées quasiment en convoi depuis la Belgique le 12 novembre à quelques minutes d'intervalles. Ces véhicules ont été loués par les frères Brahim Abdeslam et Salah Abdeslam.
Un véhicule Golf a été contrôlé samedi 14 novembre à 9h10 à Cambrai (Nord) avec trois personnes à son bord dont un individu disant être Salah Abdeslam "dont le nom n'était pas apparu comme impliqué dans les attentats", a précisé François Molins.
Alertés entre-temps par le parquet de Paris, les policiers belges ont interpellé un peu plus tard les deux autres occupants du véhicule qui ont ensuite été inculpés et incarcérés par la justice belge, et les deux hommes sont venus chercher à Paris Salah Abdeslam à sa demande pour le ramener en Belgique, a expliqué le procureur de Paris.
Un SMS disant "on est parti, on commence" a été envoyé vendredi soir à 21h42 heure de Paris, juste avant l'attentat du Bataclan, depuis un téléphopne portable découvert par les enquêteurs dans une poubelle devant la salle de spectacle du Bataclan, a fait savoir le procureur Molins, soulignant que les enquêteurs s'attachent à déterminer le destinataire de ce message.
"De très nombreuses investigations ont été menées et sont encore en cours, tant pour déterminer la localisation des terroristes dans les jours précédant les attentats, que pour établir des contacts qu'ils ont pu avoir et développer", a-t-il affirmé.
Le procureur est revenu sur les trois appartements conspiratifs qui ont été utilisés par les terroristes. Selon lui, deux chambres ont été louées à Altforville (Val-de-Marne) pour quatre personnes du 11 au 17 novembre par Salah Abdeslam et un pavillon a été loué à Bobigny (Seine-Saint-Denis) au nom de Brahim Abdeslam. Enfin, le troisième logement conspiratif est celui situé rue Corbillon à Saint-Denis.
"Une logistique d'ampleur a été mise en place par ces terroristes. L'enquête s'attache à déterminer la composition exacte des trois commandos", a-t-il indiqué
"L'assaut, d'une extrême difficulté, a été mené par les hommes du RAID et de la BRI, ces hommes dont je tiens à souligner le courage, la rigueur, le sang-froid qui ont mené en quatre jours deux assauts au péril de leur vie", a déclaré M. Molins.
La porte blindée de l'un des appartements a notamment résisté un moment aux tirs "nourris quasiment interrompus pendant une heure" et plus de 5 000 munitions ont été tirées par la police, a précisé le procureur de Paris.