La lutte antiterroriste en France est efficace et les policiers font le maximum, selon un chercheur français

La lutte antiterroriste en France est efficace et les policiers font ce qu'ils peuvent, et font le maximum, l'on ne peut pas les critiquer, a indiqué jeudi le chercheur à l'IFRI, Philippe Moreau Defarges, dans une interview téléphonique exclusive accordée à Xinhua.

Il y a "deux difficultés" dans cette lutte antiterroriste. La première difficulté c'est que les terroristes "bougent beaucoup, circulent beaucoup". La police ne peut être efficace que s'il y a une coopération entre les policiers pour les échanges d'informations, a expliqué le chercheur.

On savait beaucoup de choses sur les terroristes du Bataclan, mais ils ont eu l'intelligence d'organiser leur opération en Belgique et de l'exécuter en France. Il y a donc le problème de la coopération entre les policiers des différents pays, a-t-il dit.

La deuxième difficulté c'est que dans le terrorisme il n'y a pas de victoire. Le terrorisme n'est pas comme dans une guerre. Dans une guerre il y a une bataille avec une victoire, un vainqueur et un vaincu. Dans le cas du terrorisme, il n'y a pas de vraie bataille. Il y a des coups de mains, des attentats, etc. Et donc c'est très dur parce que vous ne savez pas quand ça se termine. C'est très difficile de savoir quand ça se termine et, en général, ça se termine parce qu'à un moment donné les terroristes peuvent disparaître, a indiqué Philippe Moreau Defarges, co-directeur du rapport RAMSES, professeur à l'Université de Paris-II Panthéon-Assas et à l'Institut d'études politiques de Paris.

Dans le cas du terrorisme d'aujourd'hui il y a une difficulté supplémentaire, c'est que les terroristes ont un point d'appui très solide qui est l'Etat islamique. Ce n'est pas seulement une bande de terroristes. Ce sont des bandes terroristes avec un point d'appui qui est l'Etat islamique, a souligné le chercheur à l'IFRI.

A propos de la multiplication des attentats terroristes dans le monde entier, Philippe Moreau Defarges a expliqué que le monde actuel "crée beaucoup de frustrations". Il y a un face-à-face entre des gens riches qui ont de l'argent, qui réussissent tout, et des gens qui ont fait des études, qui sont éduqués, mais qui n'y arrivent pas. "Cela crée des frustrations très fortes et le sentiment de ne pas avoir d'avenir", a ajouté Philippe Moreau Defarges.

"Je crois que nous sommes dans des sociétés où les individus, et notamment les jeunes, manquent de grandes causes. A une époque il y avait la révolution, il y avait la guerre, il y avait le patriotisme. Il n'y a plus de grande cause et je pense que le terrorisme séduit, attire des jeunes parce que c'est une 'grande cause'", a ajouté le chercheur à l'IFRI.

Prié de présenter sa proposition pour la lutte antiterroriste en France, en Europe et dans le monde entier, ce chercheur a estimé qu'en France et en Europe la lutte antiterroriste doit d'abord être "policière". "Il faut organiser des réseaux de surveillance, c'est vraiment des actions fondamentalement policières. Il faut traquer des types, les arrêter, etc. Et puis après essayer de les réintégrer dans la société", a-t-il indiqué.

La question c'est "Faut-il faire la guerre au Moyen-Orient ? Faut-il aller faire la guerre contre l'Etat islamique ?". "Ma réponse elle est 'non', il ne faut pas la faire. Nous serons perdants." Toutes les guerres qui ont été faites par l'Occident, en Afghanistan, en Irak et en Libye "sont des échecs", a souligné Philippe Moreau Defarges.