Dernière mise à jour à 15h26 le 29/12
Les ministres des affaires étrangères de la Corée du Sud et le Japon ont annoncé lundi avoir conclu un accord destiné à résoudre l'impasse qui dure depuis des décennies sur les femmes coréennes forcées à travailler dans les bordels militaires japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. L'accord, qui comprend des excuses du Premier ministre japonais Shinzo Abe et un fonds d'aide d'1 milliard de Yens (8,3 millions de Dollars US) mis en place par Tokyo pour les anciennes esclaves sexuelles aujourd'hui très âgées, pourrait renverser des décennies d'animosité et de méfiance entre les deux voisins d'Asie de l'Est, qui sont des partenaires commerciaux mais aussi de fidèles alliés des Etats-Unis.
La question des anciennes esclaves sexuelles coréennes –mais il y en a eu dans tous les pays victimes des invasions japonaises, notamment la Chine- et pudiquement appelées « femmes de réconfort », a été la plus grande source de friction dans les relations entre Séoul et Tokyo, qui s'étaient singulièrement dégradées depuis 2012, année de l'arrivée au pouvoir du belliciste Shinzo Abe. Le Japon semblait déterminé à faire avancer les choses, après la première réunion formelle des leaders des deux pays en 3 ans et demi en novembre, et après que les tribunaux sud-coréens aient récemment acquitté un journaliste japonais accusé de diffamation envers la présidente de la Corée du Sud et refusé d'examiner une plainte d'un citoyen sud-coréen demandant une indemnisation individuelle pour la mobilisation forcée de travailleurs mise en place par le Japon lors de l'époque coloniale.
Beaucoup de Sud-coréens ressentent une amertume persistante face à l'héritage de la brutale occupation coloniale de la péninsule coréenne par le Japon de 1910 à 1945. Mais les responsables sud-coréens ont également fait face à des appels pour améliorer leurs relations avec le Japon, et notamment de la part de leur allié commun américain. Le Ministre japonais des affaires étrangères Fumio Kishida et son homologue sud-coréen, Yun Byung-soi, ont fait l'annonce après leur réunion à huis clos de lundi. Selon M. Yun, l'accord est définitif et irréversible aussi longtemps que le Japon mettra fidèlement en œuvre ce qu'il promet.
Il y a longtemps eu une certaine résistance en Corée du Sud face aux excuses japonaises parce que beaucoup de Sud-coréens exigeaient du Japon qu'il reconnaisse avoir une responsabilité juridique pour les « femmes de réconfort ». Le Japon, pour sa part, avait longtemps soutenu que la question avait été réglée par un traité de 1965 qui a rétabli les relations diplomatiques et a été accompagné par plus de 800 millions de Dollars US d'aide économique et de prêts de Tokyo à Séoul. Selon les historiens, des dizaines de milliers de femmes de toute l'Asie, beaucoup d'entre elles coréennes mais aussi chinoises, ont été envoyés dans les bordels militaires de première ligne pour servir d'esclaves sexuelles aux soldats japonais. En Corée du Sud même, il reste encore 46 de ces femmes, la plupart du temps âgées de plus de 80 ans, voire de 90 ans.