Dernière mise à jour à 08h26 le 20/01
La cheffe du gouvernement polonais, Beata Szydlo, s'est exprimée devant le Parlement européen (PE), mardi, à Strasbourg dans le but de "dissiper les doutes et lever les malentendus" sur les récentes réformes controversées menées par Varsovie.
Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans et le ministre des Affaires étrangères néerlandais Bert Koenders, représentant du Conseil de l'Union européenne (UE), ont accueilli mardi, à Strasbourg, la Première Ministre polonaise pour un débat suite à une enquête lancée par la Commission européenne.
C'est la première fois que Bruxelles a recours à une telle procédure appelée "sauvegarde de l'état de droit dans l'UE". Tant et si bien que des eurodéputés se sont élevés contre une mesure qu'ils qualifient d'"arbitraire" et ont dénoncé un" deux poids deux mesures" dans l'UE.
Sont en cause notamment des mesures mises en œuvre par Varsovie en matière judiciaire que certains jugent contraires à l'équilibre politique du pays. Le gouvernement polonais a imposé de nouveaux juges au Tribunal Constitutionnel et a confié au ministre du Trésor le pouvoir de nomination des dirigeants de la télévision et radio publique.
"Nous sommes Européens et nous en sommes fiers", a déclaré la Première ministre polonaise devant l'hémicycle en insistant sur l'attachement de son pays aux valeurs européennes. Elle a par ailleurs rappelé que "ce sont les citoyens polonais qui ont décidé qu'ils veulent ces changements" et plaidé pour une "Union dans la diversité". "Le gouvernement dispose d'un mandat démocratique", a-t-elle insisté.
Les législatives du 25 octobre 2015 ont marqué le retour aux affaires du parti Droit et justice (PiS) qui siège au Parlement européen dans le même groupe que les conservateurs britanniques, hostiles à une Europe fédérale et attachés à la souveraineté nationale.
"La Pologne ne mérite vraiment pas d'être critiquée. Nous ne sommes pas un parti nationaliste", a encore déclaré la Première ministre polonaise. "Ce débat soulève un problème très grave qui doit être résolu. Il est nécessaire de consolider l'autorité de l'UE", a-t-elle affirmé.
"La Pologne a bénéficié de son appartenance à l'UE (...) jamais nous ne tournerons le dos à l'Europe", a déclaré de son côté, lundi, à Bruxelles, le président polonais Andrzej Duda, après une entrevue avec le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Elle a notamment bénéficié des transferts de fonds communautaires. Elle en est d'ailleurs le plus grand récipiendaire : sur la période 2014-2020, le pays doit se voir allouer près de 82,5 milliards d'euros, soit 46,4% de l'enveloppe consacrée à l'Europe centrale et orientale.
Une résolution des groupes politiques sur la "sauvegarde de l'état de droit" en Pologne sera votée lors de la prochaine session plénière, qui se déroulera du 1er au 4 février.