Dernière mise à jour à 10h48 le 22/04
Selon la Haute Commission des Nations Unies pour les réfugiés, au moins 500 migrants pourraient s'être noyés en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Italie depuis la Libye. Ce naufrage est l'un des plus meurtriers à avoir eu lieu en Méditerranée au cours des derniers mois et illustre la persistance de la crise de la migration régionale à laquelle font face les autorités européennes : l'Europe continue à se débattre avec le grand nombre de personnes qui arrivent sur ses rives. En 2015, plus d'un million de personnes sont arrivées en Europe, la grande majorité fuyant la guerre en Syrie, en Irak et en Afghanistan.
D'après des survivants de la tragédie qui ont parlé à la Commission, un groupe se situant entre 100 et 200 personnes de divers pays africains avait quitté la Libye, près de la ville orientale de Tobrouk, sur «un grand navire, innavigable ». Une fois en mer, les trafiquants auraient amené davantage de personnes à bord à l'aide d'un second bateau, plus petit. Ce qui a eu pour conséquence de surcharger le navire et de le faire couler. L'agence a précisé que 41 personnes, originaires de Somalie, du Soudan, d'Ethiopie et d'Egypte -37 hommes, 3 femmes et 1 enfant de 3 ans- ont survécu, à la dérive en mer sur le petit bateau, jusqu'à ce qu'ils soient sauvés le 16 avril et emmenés sur l'île grecque de Kalamata.
Cet accident fait passer le nombre total de personnes qui se sont noyées en tentant la traversée de la mer vers l'Europe à plus de 1000. L'an dernier, plus de 3 770 personnes se sont noyées ou ont disparu en route vers l'Italie, la Grèce et d'autres pays européens. La catastrophe de la semaine dernière arrive un an après que 800 personnes aient péri dans le naufrage le plus meurtrier qu'ait connu la Méditerranée dans l'histoire récente. L'Union européenne a récemment commencé à mettre en œuvre un accord avec la Turquie, par lequel les réfugiés arrivant par la mer en Grèce sont expulsés vers la Turquie. En échange, l'accord offre à certains réfugiés la possibilité d'entrer en Europe dans le cadre d'un échange un entrant un sortant. Mais l'accord entre l'UE et la Turquie ne fait pas grand-chose en ce qui concerne les routes maritimes plus longues et plus dangereuses depuis l'Egypte et la Libye.
« Notre souci a toujours été que, lorsque vous surveillez les frontières, vous poussez les réfugiés et demandeurs d'asile désespérés sur des routes encore plus dangereuses », a déclaré Andrew Gardner, chercheur sur la Turquie à Amnesty International. « La route de la Libye vers l'Italie est beaucoup plus meurtrière que la route Egée ». La route qui part de la Libye sert habituellement à une population de réfugiés différente que la voie de la Turquie vers la Grèce. Les détracteurs de l'accord UE-Turquie soutiennent que celui-ci va pousser les migrants à s'aventurer sur des itinéraires plus risqués sur la mer Egée ou la mer Noire.