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Montée des nationalismes et crise d'identité gâchent la fête de l'Europe

Xinhua | 09.05.2016 08h37

La fête de l'Europe, célébrée chaque 9 mai dans tous les Etats membres de l'Union européenne (UE), se déroule cette année autour du thème de la diversité, une notion qui se veut au cœur du projet européen. Cette édition 2016 n'en est pas moins gâchée par la montée des nationalistes dans une UE déchirée entre ses Etats membres, notamment sur la question migratoire, et en proie à une profonde crise d'identité.

Le Parlement européen (PE), dont le siège est à Strasbourg, a ouvert ses portes au public, comme chaque premier weekend de mai, avant de participer à la célébration ce lundi 9 mai, à la fête de l'Europe. Une date, considérée comme un acte fondateur de la Communauté européenne, qui commémore les premiers pas de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), en 1950, lorsque Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français à l'époque, a appelé à la mise en commun sous une autorité internationale des productions française et allemande de charbon et d'acier.

Après Strasbourg, ce sera au tour, le 28 mai, de plusieurs institutions européennes basées à Bruxelles de rendre hommage à ce moment fondateur en accueillant les citoyens européens "dans une ambiance festive et familiale".

L'Europe est pourtant loin d'être à la fête. "L'Europe est une promesse, mais une promesse qui n'a pas été tenue", est allé jusqu'à déclarer, jeudi dernier, le président du PE, Martin Schulz, lors d'un débat sur l'avenir de l'Europe organisé à Rome en présence du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, du président du Conseil européen Donald Tusk et du président du Conseil italien Matteo Renzi.

Au premier chef de ce climat délétère, la crise migratoire dans laquelle est enlisée l'UE, qui a fait exploser au grand jour les profondes divisions des Etats membres. Incapables de faire face à l'arrivée sur son sol d'un million de réfugiés en 2015, les pays européens ont adopté à l'échelle nationale des mesures, parfois antagonistes les unes des autres, dans l'urgence et sans vision globale. Au point que l'UE ressemble de plus en plus, aux yeux des observateurs avertis comme des citoyens lambda, à un bateau sans gouvernail.

L'accord du 18 mars dernier, compromis accouché dans la douleur entre Bruxelles et Ankara, ne donne pas jusqu'ici de résultats tangibles tandis que plusieurs dizaines de milliers de migrants sont toujours bloqués en Grèce, dans des camps en attente d'une relocalisation dans les Etats membres ou d'un renvoi en Turquie.

Le problème migratoire, qui a été repoussé aux frontières en étant confié à la Turquie, fait resurgir de vieux démons européens. Populismes et nationalismes fleurissent en Hongrie, en Pologne et en Autriche, mais aussi en France et même en Allemagne. Le "couple franco-allemand", longtemps moteur de l'UE, a du plomb dans l'air; Paris comme Berlin étant focalisés sur leur politique intérieure.

La menace, toujours d'actualité, d'une sortie de la Grèce de l'Euro (Grexit), celle d'un Brexit avec le référendum britannique du 23 juin sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE, les velléités d'indépendance de l'Écosse, de la Catalogne, le non néerlandais à l'accord d'association avec l'Ukraine sont autant de facteurs de déstabilisation du Vieux Continent.

En panne de gouvernance depuis 2005, depuis le référendum sur la Constitution, l'UE lasse les opinions publiques qui expriment doutes, scepticisme et défiance croissante à l'égard de ses institutions comme de ses dirigeants, sur fond de rétablissement de contrôle à certaines de ses frontières intérieures et de menaces terroristes qui vont de pair avec la montée d'un sentiment de rejet anti-musulman et de radicalisation. Le tout dans une morosité économique qui exacerbe les tensions sociales.

Une croissance toujours très faible (1, 4 % prévu cette année), un chômage endémique, l'augmentation de la pauvreté, la remise en question de l'euro comme monnaie commune, ne donnent donc guère de raisons aux Européens d'avoir le cœur en fête en ce 9 mai.

Huit ans après le début de la crise, l'économie de l'UE reste sous perfusion de la BCE (Banque centrale européenne) qui aura injecté d'ici mars prochain quelque 1 740 milliards d'euros via sa politique de rachat de dette, et sa politique des taux nuls ou presque.

Dans un tel contexte, la montée des nationalismes, conjugée à cette crise d'identité du "projet européen", laissent planer sur l'UE de sérieux dangers quant à sa pérennité, ses valeurs, et sa capacité à trouver sa place dans le monde du 21ème siècle en pleine recomposition et

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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