Dernière mise à jour à 09h23 le 26/08
Le gouvernement de la Colombie et le plus grand groupe rebelle du pays ont conclu un accord mercredi soir, mettant fin à un demi-siècle d'hostilités dans ce qui a été l'un des plus longs conflits armés qu'ait connu le monde récemment. L'accord entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) doit encore être ratifié par les électeurs par plébiscite afin de prendre effet, mais l'annonce faite à La Havane d'un accord après quatre ans de négociations ouvre la possibilité pour les Colombiens de tirer enfin un trait sur l'effusion de sang politique qui a fait plus de 220 000 morts et contraint plus de 5 millions de personnes à fuir de leurs foyers.
L'accord, dont le texte final n'a pas encore été publié, engage le gouvernement colombien à mettre en œuvre une réforme agraire énergique, à refondre sa stratégie anti-drogue et à étendre considérablement la présence de l'Etat dans les zones traditionnellement négligées du pays. Mais beaucoup de détails sensibles élaborés au cours des sessions qui se sont succédées sans arrêt au cours des derniers jours restent inconnus et la déclaration commune lue par les parrains des pourparlers cubains et norvégiens visait davantage à célébrer la conclusion des négociations que d'offrir de nouvelles perspectives. Les négociations avaient commencé en novembre 2012 et furent longtemps handicapées par la méfiance accumulée pendant des décennies de propagande guerrière des deux côtés.
Les sondages disent que la plupart des Colombiens éprouvent de la haine envers le groupe rebelle connu sous le nom des FARC et ne montrent aucune hésitation à le qualifier de « narco-terroriste » pour sa forte implication dans le commerce de la cocaïne en Colombie, pour lequel des hauts dirigeants du groupe ont été inculpés aux États-Unis. Dans le même temps, les FARC avaient adopté de leur côté un point de vue typique de la guerre froide sur l'establishment politique et économique de la Colombie qu'il appelait des « oligarques » au service des États-Unis.
L'armée rebelle a été forcée à s'asseoir à la table des négociations après une décennie de lourdes pertes sur les champs de bataille qui ont vu une succession de hauts commandants rebelles tués par l'armée colombienne soutenue par les Etats-Unis et réduit ses rangs de moitié, ne se montant plus qu'aux 7 000 soldats actuels. Après la signature de l'accord est signé, les FARC devront commencer à mobiliser leurs troupes sur 31 zones dispersées à travers le pays, et 90 jours plus tard, ils devront commencer à remettre leurs armes aux observateurs parrainés par l'ONU. Si le taux d'homicides en Colombie a fortement diminué au fil des ans, elle reste parmi les pays les plus meurtriers du monde, avec une violence entraînée en grande partie par son statut de premier fournisseur mondial de cocaïne.