Dernière mise à jour à 10h55 le 07/10
Après avoir voté à la quasi unanimité, mardi, en faveur de la ratification par l'Union européenne (UE) de l'accord de Paris sur le climat, les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, ont adopté jeudi une résolution appelant l'UE à faire preuve de davantage d'ambition.
"Les députés regrettent que l'addition des contributions nationales déposées à ce jour soit encore loin de permettre une limitation du réchauffement de la planète à deux degrés. Il est urgent que toutes les parties revoient leurs objectifs à la hausse, et l'UE devrait pour sa part s'engager en faveur d'objectifs plus ambitieux à l'horizon 2030", indique le texte voté par 467 voix pour, 94 contre et 55 abstentions.
La voie est désormais libre pour l'entrée en vigueur de l'accord sur le changement climatique signé par les 195 délégations présentes à Paris en décembre dernier. Le seuil des 55 pays requis pour la ratification du texte et représentant 55 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre a été dépassé mercredi.
Après la ratification par la Chine et les Etats-Unis, début septembre, à la veille du sommet du G20 de Hangzhou, celle de l'Inde, le 2 octobre, le vote du Parlement européen le 4 octobre, le Canada a rejoint le traité mercredi soir.
Jeudi, le Parlement européen est monté au créneau en vue de la COP 22 qui aura lieu à Marrakech du 7 au 18 novembre alors que ce vendredi, le Conseil européen via une procédure écrite d'urgence et les 7 États membres de l'UE (la Hongrie, la France, la Slovaquie, l'Autriche, Malte, le Portugal et l'Allemagne) qui ont achevé le processus de ratification, vont déposer les instruments de ratification au siège de l'ONU à New York.
"La trajectoire de réduction d'émissions prévue par le cadre climat 2030 n'est pas en ligne avec les objectifs de Paris", déclarent en effet les eurodéputés dans leur résolution. "L'action au seul niveau de l'Union ne suffira pas", préviennent-ils.
Le PE appelle la Commission européenne et le Conseil européen à "encourager leurs partenaires à revoir eux aussi leurs objectifs à la hausse" et "à préparer une stratégie pour atteindre l'objectif de zéro émission en 2050, adopté à Paris".
Les eurodéputés demandent également la reconnaissance de la problématique des réfugiés climatiques, relevant qu'entre 2008 et 2013, "166 millions de personnes ont été déplacées à cause des inondations, tempêtes, tremblements de terre et autres désastres".
"Les évolutions climatiques dans certaines parties de l'Afrique et du Moyen-Orient pourraient contribuer à l'instabilité politique, aux difficultés économiques et à l'aggravation de la crise des réfugiés en Méditerranée", souligne le PE.
Les eurodéputés insistent par ailleurs sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux secteurs de l'aviation civile et du transport maritime internationaux.
Ils plaident aussi pour que les fonds mobilisés pour l'action climatique atteignent l'objectif de 100 milliards de dollars d'ici à 2020. "Des sources nouvelles devront être sollicitées, notamment avec la mise en place d'une taxe sur les transactions financières et l'utilisation de certains permis carbone européens ou de revenus générés par les mesures relatives à l'aviation et au transport maritime", défendent-ils.
Suite au Brexit, des amendements déposés par des eurodéputés britanniques en commission parlementaire et confirmés en plénière appellent par ailleurs l'UE à "maintenir ses engagements climatiques sans tenir compte des changements de statut des États membres", et demandent à ce que "des efforts soient faits pour qu'un État changeant de statut puisse rester présent sur le marché européen du carbone".
Une délégation du PE est attendue à la COP22 à Marrakech à partir du 14 novembre.