Dernière mise à jour à 08h17 le 08/10
Dans un contexte de vif mécontentement à l'égard des deux candidats américains à la présidentielle Donald Trump et Hillary Clinton, l'élection de 2016 est devenue, pour beaucoup d'Américains, une campagne visant à arrêter le candidat plus détestable.
La raison de ce dilemme auquel les Etats-Unis doivent faire face est plus profonde que les rhétoriques agressives de M. Trump, ou la perte de confiance envers Mme Clinton, qui continue de voir baisser le nombre de ses sympathisants, mais repose sur un vif sentiment de mécontentement contre la collaboration des élites politiques et commerciales, qui porte atteinte à la démocratie américaine.
Malgré les nombreuses requêtes visant à stopper les contributions financières dans la politique américaine, peu de choses ont été faites, affaiblissant ainsi la pertinence de la démocratie américaine et la crédibilité des politiciens.
D'après une enquête publiée au mois de janvier par le Pew Research Center, 42% des adultes américains estiment que l'argent en politique constitue un problème prioritaire auquel doivent s'attaquer le Président et le Congrès, par rapport à 28% il y a quatre ans.
L'influence des personnes riches sur la politique existe depuis longtemps, et ce facteur a émergé en tant que problème majeur au cours de la course présidentielle 2016.
L'ancien candidat du parti démocrate Bernie Sanders en a fait son cheval de bataille, ce qui lui a permis de remporter un soutien considérable des Américains qui estiment que le système politique joue en leur défaveur.
Des milliards de dollars provenant des personnes les plus riches ont été déversés dans ce processus politique, a affirmé M. Sanders lors des primaires, dénonçant le caractère "corrompu" du système financier de la campagne.
M. Trump a lui aussi condamné l'influence des grosses contributions financières sur la présidentielle. Le magnat de l'immobilier a déclaré à plusieurs reprises que les politiciens traditionnels, tels que sa rivale Mme Clinton, pouvaient être achetés.
Dans un effort de séduction pour attirer les libéraux qui soutenaient fermement M. Sanders, Mme Clinton a promis à l'occasion de son discours d'acceptation en tant que candidate démocrate de rejeter la décision approuvée par la Cour suprême en 2010, qui a ouvert la voie à un soutien financier illimité en politique, et de durcir la réglementation sur les banques et les grandes entreprises de Wall Street.
"Je pense que notre économie ne fonctionne pas comme il le faut", a indiqué Mme Clinton, dont les liens étroits avec Wall Street ont été dévoilés au cours de son élection.
Ironiquement, Mme Clinton a bénéficié tout au long de sa campagne de ces contributions.
En 2014, la Cour suprême a de nouveau assoupli les restrictions en matière de financement de campagne, annonçant la levée des limites précédemment établies pour financer tous les candidats et partis fédéraux lors d'une élection.
Profitant de cette politique, Mme Clinton a pu demander à ses donateurs les plus riches de verser davantage d'argent au Hillary Victory Fund, un comité mixte de collecte de fonds en faveur de sa campagne, ainsi qu'aux comités nationaux ou régionaux en faveur des démocrates.
Selon le New York Times, seuls 250 riches donateurs y ont contribué l'année passée, mais à hauteur de 44 millions de dollars.
Un porte-parole de la campagne de Mme Clinton a déclaré que pour imposer des restrictions sur les contributions aux campagnes politiques, "le seul choix est d'élire davantage de démocrates qui partagent le même avis", d'après le New York Times.
L'ancien président Jimmy Carter a déploré l'an dernier dans une émission radio que les Etats-Unis étaient maintenant une "oligarchie", dans laquelle "les pots-de-vin politiques illimités" ont engendré "une subversion totale de notre système politique vers un mécanise de récompense aux contributeurs principaux".
Il est dommage de voir que cette mise en garde soit tombée dans l'oreille d'un sourd.