Dernière mise à jour à 08h16 le 13/10
Les avocats du seul suspect survivant des attentats du 13 novembre dernier à Paris, Salah Abdeslam, ont annoncé mercredi sur la chaîne de télévision française BFMTV qu'ils renonçaient à défendre leur client.
"Nous avons décidé l'un et l'autre de renoncer à la défense (...) Nous avons la conviction qu'il ne s'exprimera pas et qu'il appliquera le droit au silence", ont déclaré Franck Berton, avocat français du suspect-clé des attentats de Paris, et son homologue belge Sven Mary.
Selon Franck Berton, le mutisme du terroriste s'expliquerait par ses conditions de détention. "J'ai le sentiment d'un immense gâchis. J'ai vu Salah Abdeslam sombrer de mois en mois (...) Lorsque chacun scrute même la nuit vos faits et gestes, vous devenez dingue. Et ça, c'est une conséquence d'une décision politique. Ce n'est pas une décision de justice", a-t-il indiqué.
"Les vraies victimes dans tout ça, ce sont les victimes des attentats de Paris, parce qu'elles ont droit à cette vérité et elles ont droit à tenter de comprendre l'incompréhensible", a pour sa part affirmé Sven Mary.
Selon ses avocats, Salah Abdeslam ne souhaite pas être représenté par un autre confrère. "Nous étions persuadés qu'il avait des choses à dire et qu'il allait les dire", ont-ils conclu.
Salah Abdeslam est détenu à la prison de Fleury-Merogis depuis le 27 avril suite à son transfert depuis la Belgique. Incarcéré à l'isolement et sous surveillance permanente, il avait demandé la suspension de la vidéo-surveillance continue, mais le Conseil d'Etat avait rejeté sa requête en juillet dernier.
Stéphane Gicquel, président de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (FENVAC), a réagi à cette annonce mercredi sur la radio française RTL, affirmant que les familles des victimes "sont très attachées à l'idée d'un procès" et sont inquiètes que le mutisme ne compromette le procès.
"Le procès, ni l'enquête, ne reposent sur la parole d'Abdeslam. Il y a un jeu pervers de sa part de penser que toute l'enquête dépend de sa parole. Non, il n'est pas le maître de l'enquête et de la procédure judiciaire, et ça c'est important de le rappeler aux familles", a souligné M. Gicquel.