Dernière mise à jour à 08h41 le 25/10
Les socialistes espagnols, déchirés entre eux, ont fini par voter pour lever un veto de longue date qui avait empêché les conservateurs de former un gouvernement minoritaire, ce qui va permettre de mettre fin à une impasse politique de 10 mois. Le Parti populaire conservateur (PP) du Premier ministre par intérim, Mariano Rajoy, avait remporté les élections en décembre 2015 et à nouveau en juin de cette année, mais sans assez de sièges pour gouverner seul.
Le PP avait besoin que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) soit soutienne son gouvernement soit s'abstienne lors d'un vote de confiance parlementaire, qui pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine. Après une dispute amère, les délégués du PSOE ont voté pour s'abstenir par une marge de 139 voix contre 96 lors d'un congrès spécial à Madrid dimanche. Des fractures ont émergé au sein du PSOE entre l'exécutif et la base, pour qui le soutien, même passif, au PP est un anathème et risque d'avoir pour conséquence de voir beaucoup de militants quitter le parti et aller vers le parti anti-austérité Podemos.
Javier Fernández, qui est en charge du PSOE jusqu'à ce qu'il élise un nouveau chef, a fait valoir que l'abstention était un « moindre mal », étant donné que l'autre option était de provoquer de nouvelles élections en décembre -ce qui aurait été la troisième en Espagne en un an. Cependant, au PSOE, beaucoup sont aussi en désaccord. Le mois dernier, le chef du parti Pedro Sánchez a été évincé par 132 voix contre 107 pour s'être opposé à l'abstention. M. Sánchez voulait former une coalition de gauche avec Podemos ainsi qu'avec les Basque et et les nationalistes catalans pour écarter M. Rajoy.
Comme le PP a déjà le soutien du Parti des citoyens de centre-droit, il sufira de l'abstention de 11 députés du PSOE pour donner à Mariano Rajoy la majorité dont il a besoin. Mais le parti veut forcer tous ses représentants à s'abstenir, ce que les Catalans et les autres ont dit se sentir incapables de le faire. De son côté, Podemos a retiré son soutien aux coalitions régionales avec le PSOE, afin de mieux se positionner comme le principal parti de la gauche, une tâche rendue plus facile par l'abstention socialiste. Cependant, Podemos n'est lui-même pas à l'abri des querelles internes et est actuellement plongé dans une lutte pour la direction du parti.