Dernière mise à jour à 09h11 le 27/02
Vague de ralliements, jeux d'alliances, "dérapages" et ennuis judiciaires des candidats ... Une succession d'imprévus qui rend la présidentielle française plus que jamais imprédictible. A deux mois du premier tour prévu pour le 23 avril, l'incertitude demeure encore sur l'issue du scrutin.
L'élection présidentielle prévue les 23 avril et 7 mai prochains, réservera-t-elle à son tour une surprise à l'instar de la primaire de la droite et de la gauche ? Selon plusieurs observateurs de la scène politique française, jamais une élection présidentielle n'est aussi ouverte.
A deux mois du premier tour, il est toujours difficile d'avoir une lisibilité en raison d'une succession de rebondissements politico-judiciaires. Même les sondages qui changent au rythme des imprévus (soutien, alliance, ennuis judiciaires), ne permettent pas pour le moment d'y voir plus clair.
Pourtant la carte était on ne peut plus lisible au sortir de la primaire de la droite et de la gauche, les deux grandes familles politiques du pays. Candidat de la droite après une large victoire à la primaire qui a mobilisé plus de 4 millions de votants, François Fillon était le grand favori de la présidentielle.
Un sondage IFOP pou iTélé, Paris Match et sud Radio paru en décembre 2016 donne M. Fillon largement vainqueur au second tour devant Marine Le pen avec 65% des voix contre 35% pour la candidate du Front national (FN).
Mais l'espoir suscité à droite par la candidature de François Fillon s'est vite embrasé après les révélations du journal satirique Canard enchaîné sur de présumés emplois fictifs de son épouse, Pénélope et de deux de ses enfants. En l'espace de deux semaines, François Fillon chute dans les sondages malgré les efforts déployés pour se défendre de ces accusations.
Selon un sondage Odoxa pour France Info, M. Fillon a chuté de 29 points depuis novembre dernier auprès des Français, et de 15 points à droite depuis le 27 janvier dernier après les premières révélations du Canard enchaîné. Résultat : de sa place de favori à l'élection présidentielle, le candidat de la droite se retrouve en troisième position derrière Emmanuel Macron (En marche) et Marine le Pen (FN).
Et si François Fillon semble reprendre du poil de la bête selon un sondage de Elabe pour l'Express et BFMTV paru mardi dernier, qui le replace en seconde position derrière Marine le Pen (après la chute de Macron), la décision du Parquet national financier d'ouvrir une information judiciaire dans l'affaire des emplois fictifs ne lui facile pas pour autant la campagne.
La gauche est également minée par ses divisions, donc son incapacité à se rassembler autour d'une même candidature afin de maximiser ses chances. Benoît Hamon, candidat socialiste placé en quatrième position par les sondages avec 14 à 15% des voix, a réussi à convaincre le candidat des Ecologistes Yannick Jadot à soutenir sa candidature, mais pas Jean-Luc Mélenchon, candidat de la "France insoumise".
Et l'invite de Mélenchon lors d'un meeting, à un rassemblement autour de sa candidature en cas d'unité de la gauche ou encore sa récente critique à l'endroit du Parti socialiste qu'il a qualifié de "corbillard" auquel il n'a pas l'intention de s'accrocher, ont freiné le week end dernier les tentatives de discussion entre les deux camps, en vue d'une alliance.
"Si vous regardez les sondages, j'ai un point ou deux de plus que le score que j'ai fait en 2012. Les Verts sont au même niveau que celui de 2012. Qui a perdu la moitié de ses voix ? C'est le PS", a observé M. Mélenchon, jugeant "un peu fort de café" qu'on vienne lui demander de "remplumer des gens (PS) qui ont tout perdu à cause de leur politique". Changement de ton ! Mélenchon (aussi crédité de 14 à 15% des voix) a déclaré vendredi dernier sur France2, être toujours ouvert à la discussion avec Benoît Hamon, redonnant ainsi à nouveau de l'espoir aux militants de gauche qui sont convaincus qu'une alliance des gauches pourra faire bouger les lignes et inverser les sondages.
Jusque-là constante dans les sondages qui l'annoncent au second tour, la candidate du FN, Marine Le Pen est, à son tour rattrapée par une affaire d'emplois fictifs de ses assistants parlementaires. Mme Le pen est accusée par l'Office européen de lutte anti fraude (OLAF) d'avoir rémunéré des assistants parlementaire avec l'argent de l'Union européenne alors même qu'ils travaillaient pour le compte de son parti.
Le siège du FN a été perquisitionné la semaine dernière et une des deux collaborateurs de Marine Le pen, en garde à vue, est mise en examen pour "recel d'abus de confiance". Et le refus de la patronne du FN de déférer à la convocation de la police fait planer le risque de sa possible mise en examen ainsi que la demande par les juges de la levée de son immunité parlementaire.
Le candidat du mouvement En marche, Emmanuel Macron, en pôle position dans les sondages notamment grâce à un vague ralliement des déçus du PS, de l'UDI et de François de Rugy (3,8% des voix à la primaire de la gauche) , a enregistré une chute de cinq points selon un sondage Elabe pour l'Express et BFMTV. En cause, ses déclarations controversées sur la colonisation.
"La colonisation fait partie de l'histoire française, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes", a-t-il déclaré le 15 avril dernier en Algérie.
Ce "dérapage" qui a fait perdre à M. Macron sa place de second dans les sondages (reprise par M. Fillon), sera très vite "réparé" par la proposition d'alliance du président du MODEM, François Bayrou qui avait recueilli 9,13% des suffrages au premier tour de la présidentielle de 2012.
50% des personnes interrogées pensent que le soutien de François Bayrou à Emmanuel Macron constitue un atout pour la campagne du candidat d'En marche, indique un sondage Odoxa-Dentsu consulting publié vendredi dernier. Plusieurs spécialistes déclarent que cette alliance permettra à nouveau à M. Macron de remonter dans les sondages.
Doit-on encore s'attendre à de nouveaux rebondissements qui influeront sur les sondages, à deux mois du premier tour ? Probablement.