Dernière mise à jour à 08h29 le 01/04
L'article citant une prétendue "note secrète" de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) publié jeudi soir par un journal français, selon lequel le gouvernement chinois et la mafia tenteraient de profiter de la mort du ressortissant chinois Liu Shaoyao pour étendre leur emprise sur les jeunes révoltés de la communauté chinoise de Paris, a été vivement critiqué vendredi par des internautes français, qui ont remis en cause sa crédibilité.
"Tiens, top secret!!! Comment vous le savez? Aucune crédibilité, mes amis journalistes!", ironise un internaute sur le site officiel du journal français Le Parisien.
"Article à dormir debout encore : agent secret, mafia, complot (...) tout cela existe peut-être dans un monde 'caché', mais surtout inconnu pour la population. En lisant ce type de fait dans la presse, cela perd toute crédibilité", observe un autre sur le même site.
"Une note tellement confidentielle qu'elle est en une de votre journal deux jours après le début des incidents", raille un autre sur le même site.
Sur Twitter, certains accusent les médias de tenter de discréditer la colère légitime des manifestants à l'égard des forces de police, tandis que d'autres estiment que la DGSI ne fait que "[véhiculer] des fantasmes xénophobes pour discréditer un mouvement."
"Ces accusations servent de contre-feu, elles sont orchestrées pour détourner l'attention du public", dénonce l'un des avocats de la famille Liu, Me Calvin Job, dans le journal français 20 Minutes. Selon lui, la publication de cette note confidentielle permet de faire oublier les accusations de "bavure" en "mettant l'accent sur des stéréotypes sur la communauté chinoise".
Père de cinq enfants, Liu Shaoyao a été abattu dimanche dernier à son domicile par un policier, qui prétend avoir agi en état de légitime défense, une version des faits contredite par la fille de la victime, qui a indiqué que son père n'avait à aucun moment cherché à agresser les policiers. Cet incident a entraîné une série de manifestations spontanées de la communauté chinoise à Paris depuis lundi dernier.
L'AFFAIRE LIU SHAOYAO DOIT ETRE L'OPPORTUNITE D'AMELIORER LA PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME EN FRANCE
Pour Sun Tao, président de l'Association des avocats d'origine chinoise (ADOC), la mort de Liu Shaoyao doit devenir une opportunité d'améliorer la protection des droits de l'Homme en France.
Cette tragédie est directement liée à la ratification du nouveau projet de loi de sécurité publique le 28 février dernier par le Parlement français, qui autorise les agents de police français à tirer dans cinq cas, notamment "face à la menace de personnes armées".
Cependant, les tirs de police doivent toujours respecter le principe de "proportionnalité", c'est-à-dire que l'action des forces de l'ordre doit correspondre au niveau de menace qui pèse sur elles, a-t-il indiqué.
Selon les proches de Liu Shaoyao, les agents de police n'étaient pas en uniformes lors de leur intervention, alors même qu'il est connu que de faux policiers ont commis des cambriolages dans cet arrondissement. Ils ont en outre tiré sur M. Liu dans les secondes qui ont suivi leur entrée violente dans son appartement, alors que ce n'était pas un homme très fort et qu'il mesurait seulement 1m60. La piste d'une bavure policière ne fait donc aucun doute dans ce cas, selon M. Sun.
Cette affaire remet également en question la qualité de la formation qui a été dispensée aux agents de police à la suite de la ratification du nouveau projet de loi, a-t-il ajouté.
Pour ne pas que M. Liu soit mort en vain et pour mieux protéger les droits de l'Homme en France, "je proposerai de baptiser la modification de la loi sur la sécurité publique l'"Amendement Liu Shaoyao", a-t-il déclaré.