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Les raisons humanitaires ne justifient pas l'intervention américaine en Syrie

Xinhua | 11.04.2017 08h35

Les frappes américaines en Syrie ne peuvent s'expliquer par les simples raisons humanitaires voire sentimentales avancées par Donald Trump, a indiqué François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis. Dans une interview accordée à Xinhua, cet historien et maître de conférences à l'Université de Cergy-Pontoise explique ce revirement de Donald Trump par des enjeux de politique intérieure et étrangère.

Depuis son élection, le président américain a vu certaines de ses décisions bloquées et n'est pas parvenu à faire passer certaines de ses propositions phares, notamment en ce qui concerne le système d'assurance maladie et l'immigration. C'est pourquoi "la tentation est grande de faire l'unité autour de lui en politique étrangère, d'être le commandant en chef derrière lequel le Congrès peut se ranger", explique M. Durpaire.

Outre ce message en politique intérieure, Donald Trump livre également un message sur le plan international, celui que "les Etats Unis sont de nouveau forts". Et selon le spécialiste, ce message de la puissance américaine met en cause la géostratégie globale.

"C'est un message adressé surtout à la Russie pour montrer que les Etats-Unis ont une force de projection militaire, qu'ils peuvent reprendre la main au Moyen-Orient face à Poutine, et démontrer qu'ils sont le vrai géant et la Russie le faux géant", a-t-il expliqué. .

L'obsession anti-Obama, qui consiste à faire tout le contraire de ce que Barack Obama a fait, est également une des raisons de cette intervention américaine, selon M. Durpaire. L'historien rappelle que Donald Trump a fustigé le bilan de la présidence de Barack Obama au cours de sa campagne présidentielle, et qu'il tente de se démarquer de lui.

Donald Trump veut ainsi montrer à travers ces frappes qu'il est "celui qui intervient militairement et qu'Obama était celui qui n'intervenait pas, que l'atermoiement, c'était Barack Obama, et que lui va jusqu'au bout, et [que] quand il dit quelque chose, il le fait", a expliqué M. Durpaire, soulignant que l'action de Barack Obama a été vivement critiquée au cours des réunions qui ont conduit à la décision de mener des frappes en Syrie.

Selon ce spécialiste des Etats-Unis, Donald Trump n'intervient donc pas en Syrie uniquement par humanisme, comme il veut le faire croire, évoquant la mort d'enfants à la suite de l'attaque chimique attribuée au régime syrien. "On ne peut pas intervenir pour des enfants morts et ne pas accepter les enfants vivants qui sont les petits refugiés que Trump n'accepte pas sur le territoire américain. Les raisons humanitaires qu'il avance ne peuvent justifier cette intervention", a-t-il expliqué.

Concernant les craintes d'un risque d'escalade entre la Russie et les Etats-Unis en Syrie, François Durpaire estime que le risque est minime, car Vladimir Poutine ne peut pas intervenir militairement et le Congrès américain a également fait comprendre que Donald Trump ne pouvait pas faire ce qu'il voulait en matière de politique étrangère, et qu'il devait demander l'accord du Congrès s'il souhaitait poursuivre les frappes en Syrie.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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