Dernière mise à jour à 08h52 le 06/06
La décision d'un certain nombre de pays arabes de mettre fin à leurs relations diplomatiques avec le Qatar, un pays pourtant riche en gaz naturel, risque de conduire à une isolation régionale drastique de Doha, ont déclaré lundi plusieurs experts politiques égyptiens.
Les Emirats arabes unis (EAU), l'Arabie saoudite, Bahreïn et l'Egypte ont mis fin lundi à leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusant cet Etat du Golfe de soutenir et de financer le "terrorisme", et d'interférer dans leurs affaires intérieures.
Un peu plus tard dans la journée, le Yémen, les Maldives et le gouvernement basé dans l'est de la Libye ont décidé de couper à leur tour leurs liens diplomatiques avec le Qatar.
"Ces mesures ont été prises uniquement après que tous les efforts de médiation déployés au cours du sommet arabo-islamo-américain le mois dernier ont échoué. Apparemment, le Qatar ne souhaite pas changer de politique, ce qui a conduit ces pays à couper toute relation avec lui", a déclaré à Xinhua Hussein Hariedy, ancien adjoint au ministre égyptien des Affaires étrangères.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a annoncé que l'Egypte avait décidé de couper ses relations diplomatiques avec le Qatar en raison de l'insistance de ce dernier à s'opposer à l'Egypte, et de l'échec de toutes les tentatives visant à faire cesser son soutien aux organisations terroristes, dont notamment les Frères Musulmans.
Le communiqué du ministère a souligné que la cessation des liens avec le Qatar découlait également du soutien de ce pays à l'idéologie extrémiste d'al-Qaïda et de l'Etat islamique, à son aide aux organisations terroristes opérant dans le Sinaï, et à son ingérence dans les affaires intérieures de l'Egypte, une ingérence qui menace la sécurité nationale égyptienne.
L'Egypte fermera en conséquence son espace aérien et maritime ainsi que tous ses ports aux transports en provenance du Qatar, afin de préserver sa propre sécurité nationale.
Bahreïn, l'Arabie saoudite et les EAU ont pris des mesures similaires, coupant tout contact terrestre, maritime et aérien avec leur voisin du Golfe.
"Ces décisions vont contribuer à isoler le Qatar au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe (LA). Cela va sans aucun doute lui coûter très cher", a souligné M. Hariedy.
Ces mesures ne renforceront pas uniquement l'isolation du régime qatari, mais aussi celle du peuple du Qatar, a-t-il précisé, dans la mesure où "le Qatar importe presque toute sa nourriture depuis l'Arabie saoudite, le seul pays avec lequel il partage une frontière".
Le Dr Mohammad Kamal, professeur de sciences politiques à l'université du Caire, a quant à lui salué cette décision, qu'il considère comme "une bonne mesure" et comme le début de l'isolation de Doha.
Le Qatar doit cesser de coopérer, de soutenir, de financer et d'héberger sur son sol des éléments terroristes, a-t-il déclaré, mais aussi revoir sa relation à l'Iran, qui va à l'encontre de la politique des autres pays du Golfe vis-à-vis de ce pays, a ajouté M. Kamal.
"La balle est maintenant dans le camp du Qatar. Les Etats du Golfe et l'Egypte attendent sa réaction et les mesures qu'il prendra pour regagner leur confiance", a-t-il déclaré.