Dernière mise à jour à 08h32 le 09/06
"Ces élections législatives pourraient bien se résumer à cette question : faut-il donner à Emmanuel Macron les moyens de gouverner ?" a indiqué à Xinhua, Madani Cheurfa, secrétaire général du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF).
Selon lui, les raisons qui peuvent soutenir une éventuelle victoire de La République En Marche (LREM) aux élections législatives est la façon dont les électeurs français estiment le début du mandat d'Emmanuel Macron : "certains valorisent l'action diplomatique et internationale d'Emmanuel Macron face à Donald Trump sur les accords de Paris. D'autres s'inquiètent du cas de Richard Ferrand (actuel ministre de la Cohésion des territoires) dans le cadre des Mutuelles de Bretagne" a-t-il expliqué.
L'enjeu principal de ces législatives pour les électeurs français "est de décider s'ils vont accorder une majorité à Emmanuel Macron et à Édouard Philippe, son Premier ministre, pour gouverner, ou bien s'ils veulent limiter leur pouvoir" a déclaré Madani Cheurfa.
Selon le secrétaire général du CEVIPOF, la majorité est quasiment acquise pour LREM-MoDem : "les dernières enquêtes d'opinion montrent que l'enjeu n'est pas de savoir si LREM-MoDem auront la majorité, mais quelle sera la nature de cette majorité : relative ou absolue. En somme, LREM-MoDem dépasseront-ils les 289 députés à l'Assemblée nationale, auquel cas, ils n'auront pas besoin de composer avec d'autres groupes parlementaires pour constituer une majorité stable ou des majorités de circonstance" a-t-il souligné.
Pour le spécialiste français, les résultats des élections législatives seront "importants" dans les négociations de la réforme du Code du Travail, dont l'examen en Conseil des ministres débutera le 28 juin soit dix jours après le second tour du scrutin. Selon Madani Cheurfa, si le gouvernement dispose d'une majorité relative, il devra tenter de composer une "majorité d'idée" avec des députés d'autres partis sur cette réforme : "la question ne se pose plus si le gouvernement dispose d'une majorité absolue avec les seuls députés LREM-MoDem" a-t-il précisé.
Interrogé sur le choix fait par Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre de droite (LR), Madani Cheurfa y voit "le signe que le gouvernement est dirigé par une personnalité qui connaît la vie politique électorale (campagnes électorales municipales), l'administration et les rouages de l'État". "Le pari est que le profil politique d'Édouard Philippe (LR) attirera aussi un électorat de la droite et du centre-droit qui se reconnait dans le profil du Premier ministre" a-t-il affirmé concernant les législatives.
Pour lui, le "dégagisme" qui a contribué à l'échec des partis traditionnels et de personnalités politiques reconnues "continue" dans le cadre de ces élections législatives : "du côté du Parti socialiste (PS), l'implantation locale ne suffit pas forcément pour juguler le succès annoncé du candidat LREM, d'autant que les règles de non-cumul des mandats ont conduit des élus socialistes à devoir choisir entre être maire ou député, et ont préféré la mairie" a-t-il expliqué.
Dans l'ensemble, pour tous les principaux partis, LR, PS, Front National et France Insoumise; les perspectives sont de préparer "des solutions d'alternative à la politique d'Emmanuel Macron et de tenter de représenter, aux yeux des électeurs, l'opposition" a indiqué Madani Cheurfa, ajoutant qu'il leur faudra compter "sur un calendrier politique composé d'un mandat présidentiel (2022) voire de deux (2027)".