Dernière mise à jour à 08h36 le 05/07
Le discours du président français Emmanuel Macron devant les parlementaires réunis en Congrès lundi à Versailles, à la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, Edouard Philippe, est sévèrement critiqué par les opposants comme étant "flou qui manque de clarté".
"On a le sentiment qu'il persiste dans un flou lyrique qui a été un marqueur de la campagne (...) Il commence les choses mais ne les termine pas. Nous n'en savons donc pas plus en sortant qu'en entrant", a déclaré la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen.
"Il parle de démocratie mais une dose de proportionnelle et on ne sait pas si c'est une petite dose ou une dose significative. Il parle des migrations en expliquant dans la même phrase qu'il faut en même temps moins de migrants mais plus de migrants", a ironisé Mme Le Pen.
Même constat à droite où le député Eric Ciotti a trouvé le propos du président français, "un peu creux, passablement pompeux et quelque part assez ennuyeux". "Si j'avais une remarque à faire qui caractérise ou qui synthétise ce discours, je dirai que c'est un discours qui est tout sauf concret", a résumé cet élu du parti Les Républicains (LR).
Son collègue Daniel Fasquelle souligne aussi le "manque de concret" du discours. "il nous a refait ses grands discours qu'il faisait pendant la campagne électorale. On a dépensé 500.000 euros pour rien alors que la Cour des comptes disait il y a quelques semaines que l'Etat avait du mal a bouclé son budget", a regretté le député.
Le socialiste Oliver Faure, président du groupe Nouvelle gauche, dénonce le non respect de l'ordre républicain. "Il a cherché à installer une prééminence, une domination symbolique en venant s'exprimer devant le congrès pour ne pas y dire grand-chose, donc un discours très général avant que son Premier ministre ne s'exprime. Jusqu'ici aucun président ne l'avait fait", a-t-il déploré.
Pour sa part, le député Nicolas Dupont-Aignan, candidat malheureux à la présidence de la République, a qualifié le discours de "rien de concret sur aucun sujet". "C'était une mauvaise copie de dissertation d'élève de prépa littéraire. Mais j'attendais un discours qui précise certaines orientations, quelque chose un peu plus concret", a-t-il fait savoir.
Les députés du Parti communiste français (PCF) et de la France insoumise ont purement et simplement boycotté le Congrès convoqué par Emmanuel Macron à Versailles. Et comme promis, Jean-Luc Mélenchon et ses camarades ont tenu un rassemblement à Place de la République pour apporter la réplique à Macron.
M. Mélenchon a ainsi qualifié de "populisme démagogique" la décision du président français de diminuer d'un tiers le nombre de députés, et indique à ses militants et sympathisant de ne pas se laisser faire. "Ne vous laissez pas intimider par ce populisme démagogique du chef de l'Etat. Vous n'avez pas trop de députés, vous n'avez pas trop de communes. Vous en avez pas assez, et vous n'avez pas ceux qui vous représentent. Voilà la vérité", leur a-t-il lancé.
Le leader de la France insoumise considère également l'annonce d'un possible recours au référendum par Macron pour parachever ses réformes comme une "menace d'un plébiscite". L'ordre républicain aurait voulu que d'abord le Premier ministre parle, l'Assemblée nationale vote, puis s'il le voulait absolument que le Chef de l'Etat fasse connaître sa vision d'ensemble, a rappelé M. Mélenchon.
Le discours du président français devant le Congrès est principalement axé sur son projet de réforme institutionnelle. Il s'agit entre autres de la réduction d'un tiers du nombre de députés et de sénateurs dont une partie à la proportionnelle d'ici à 2022, le non-cumul des mandats, la réduction d'un tiers des membres du Conseil économique, social et environnemental, la suppression de la Cour de justice de la République. Ou encore la réforme du Conseil supérieur de la magistrature.