Dernière mise à jour à 10h38 le 22/12
Les révélations relatives au coût - 350.000 euros - du vol privé (A340 en première classe) affrété par Matignon pour ramener plus tôt le Premier ministre français Edouard Philippe et sa délégation de Tokyo à Paris dans la nuit du 5 au 6 décembre suscitent de vives réactions dans la classe politique en France.
Les opposants dénoncent le coût "exorbitant" de ce vol pour un gouvernement qui demande des sacrifices aux Français. "350.000 euros, cela fait cher la minute au moment où on demande aux Français de restreindre le budget, de faire des efforts et où on augmente la Contribution sociale généralisée (CSG)", a déclaré sur RFI Louis Aliot, vice-président du Front national (FN).
Le député du parti de centre-droit Les Républicains, Christian Jacob, a raillé M. Philippe en faisant allusion à la loi de confiance dans la vie politique portée par la majorité et votée par l'Assemblée nationale. "Lorsqu'on se pose en donneur de leçon en permanence, il faut faire attention", a-t-il ironisé sur France 2.
A gauche, La France insoumise juge la démarche du Premier ministre contradictoire : "Edouard Philippe veut moins de dépense publique. Mais ça ne l'ennuie pas que l'Etat dépense 350.000 euros d'argent public pour payer à lui et son équipe un vol Tokyo-Paris", écrivent les "insoumis" sur leur page Facebook.
Quant au Parti socialiste, il conteste les arguments de Matignon qui justifie ce vol polémique par l'urgence pour Edouard Philippe d'être le plus vite possible à Paris en remplacement du président Emmanuel Macron qui s'apprêtait à quitter le pays pour l'Algérie.
"Quand on part à Nouméa, ça se prépare. On sait quand on doit repartir. Si on part à Nouméa sans savoir qu'il pourrait y avoir vacuité dans l'exercice du pouvoir (...) alors pour les professionnels de l'organisation du soi-disant nouveau monde, eh bien, bravo le nouveau monde !", a lancé le député PS Stéphane Le Foll.
Face à l'ampleur des réactions, le Premier ministre s'est expliqué mercredi tout en "assumant" sa décision. "Je comprends parfaitement la surprise et les interrogations que se posent les Français" mais "c'est compliqué et cher de déplacer le Premier ministre", a déclaré sur RTL M. Philippe tout en précisant qu'il "savait qu'il n'y avait pas de vol commercial à l'heure où on allait rentrer".
Edouard Philippe justifie ce vol par un "élément impératif" qui est "que le président de la République partait en Algérie le lendemain matin de notre retour. Et la règle, c'est qu'on essaye de faire en sorte que le Premier ministre ou le président soit sur le territoire national", a-t-il indiqué, avant d'ajouter qu'il assumait cette décision.
C'est de retour d'un voyage en Nouvelle-Calédonie que M. Philippe et sa délégation composée de ministres, de conseillers et d'officiers de sécurité ont affrété un vol privé Tokyo-Paris à 350.000 euros. "Le voyage total de Nouvelle-Calédonie à coûté beaucoup plus cher que ces 350 000 euros, mais il a coûté 30% moins cher que le voyage identique de mon prédécesseur (Manuel Valls) en Nouvelle-Calédonie", a noté le Premier ministre.
Une comparaison qui a fait réagir l'ancien Premier ministre Manuel Valls, précisant au passage qu'il ne s'était pas seulement rendu en Nouvelle-Calédonie. "Je me suis rendu dans le Pacifique du 27 avril au 2 mai 2016. J'ai pu disposer de l'A340 présidentiel à l'aller et au retour. Après trois jours en Nouvelle-Calédonie, je me suis rendu 24h en Nouvelle-Zélande et quelques heures en Australie. Un déplacement de ce type est toujours très coûteux", a-t-il tweeté.