Dernière mise à jour à 09h54 le 12/04
L'annonce de l'absence du président américain Donald Trump au Sommet des Amériques qui se tiendra cette semaine dans la capitale péruvienne reflète le faible degré de priorité que Washington accorde à l'Amérique latine, ont estimé des observateurs péruviens.
Pour Miguel Rodriguez Mackay, spécialiste des relations internationales, M. Trump, qui devait effectuer sa première visite dans la région en tant que président des Etats-Unis à cette occasion, a une fois de plus manifesté son "mépris" pour l'Amérique latine.
"Nous devons nous rendre à l'évidence, M. Trump vient de confirmer son mépris pour l'Amérique latine", déplore M. Rodriguez, rappelant le projet du président américain de construire un mur à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour combattre l'immigration clandestine.
La Maison Blanche a déclaré mercredi que le vice-président Mike Pence participerait au sommet au nom de M. Trump, qui a pour sa part décidé de rester à Washington pour traiter le dossier des attaques à l'arme chimique qui ont été rapportées récemment en Syrie.
"Les intérêts américains ne sont pas en Amérique latine, mais au Moyen-Orient. Nous continuons à être considérés comme le pré carré des Etats-Unis. L'absence de M. Trump au sommet, la première d'un président américain, marque un tournant dans les relations et dans l'exécution des politiques reposant sur le consensus", estime M. Rodriguez.
Les politologues Farid Kahhat et Oscar Vidarte relèvent qu'au-delà de la faible priorité qu'accorde le gouvernement américain à l'Amérique latine, Washington n'a également aucune vision pour le développement des Amériques en général.
"M. Trump n'a pas un programme précis pour l'Amérique latine qu'il pourrait présenter au sommet. Presque tous les contacts de M. Trump avec l'Amérique latine ont été confrontationnels, que ce soit sur le plan commercial ou sur la question de l'immigration", souligne M. Kahhat.
"Je ne suis pas particulièrement surpris (de l'absence de M. Trump) car le gouvernement américain n'a pas vraiment de programme défini pour la région", poursuit-il.
Depuis que M. Trump a pris ses fonctions en janvier 2017, "le thème dominant des relations avec l'Amérique latine a été de trouver des mesures qui favoriseraient davantage les Etats-Unis", rappelle M. Vidarte.
Pour Jorge Castro, directeur de l'Institut de la planification stratégique (IPE) en Argentine, l'annulation de la visite de M. Trump "est tout à fait révélatrice, car elle montre que les priorités des Etats-Unis sont ailleurs".
Il relève également qu'en comparaison avec les pays d'Amérique centrale, qui sont géographiquement proches des Etats-Unis, les relations de Washington avec l'Amérique du Sud sont considérées par le gouvernement américain comme ne présentant "aucun intérêt".