La justice mexicaine interdit la vente d'une poupée Barbie Frida Kahlo

Un tribunal mexicain a interdit la vente d'une poupée Barbie controversée à l'effigie de Frida Kahlo dans le pays d'origine de la peintre, déclarant que sa famille possédait les droits exclusifs sur son image, ont annoncé le 19 avril des avocats. La poupée Frida Kahlo, lancée en mars dernier par le géant américain du jouet Mattel, a été critiquée pour avoir mis une peintre connue pour avoir défié les normes en matière de genre dans le corps plastique de Barbie. Elle a également abouti à un procès de la part des proches de Frida Kahlo, qui prétendaient que Mattel utilisait l'image de la peintre sans leur autorisation et reprochait au fabricant de jouets d'avoir -entre autres- éclairci sa peau, féminisé ses traits et omis son emblématique sourcil unique.

La décision de justice interdit les ventes de Frida Barbie immédiatement au Mexique, ou toute utilisation de la « marque, image et œuvres de Frida Kahlo » par Mattel. La décision peut néanmoins faire l'objet d'un appel. De son côté, la famille a déclaré qu'elle attendrait le résultat final de l'affaire au Mexique, puis d'intenter un procès similaire aux États-Unis. « Ce litige en est à sa première étape et nous avons demandé au juge d'accorder certaines mesures de précaution pour protéger nos droits sur la propriété intellectuelle de Frida Kahlo », a annoncé l'avocat de la famille, Pablo Sangri.

Le bureau de Mattel au Mexique n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. « Je suis ravie (de la décision), je pense que justice est finalement faite », a confié à l'AFP Mara Romeo, petite-nièce de Frida Kahlo. Selon Mme Romeo, l'affaire n'est pas seulement une dispute sur les droits, mais aussi sur la véritable identité de sa tante. « Ça aurait dû être une poupée beaucoup plus mexicaine, avec une peau plus foncée, un sourcil unique, pas si mince parce que Frida n'était pas si mince ... vêtue de vêtements plus mexicains, avec des bijoux mexicains », a-t-elle souligné.

Frida Kahlo (1907-1954), mariée au célèbre muraliste mexicain Diego Rivera, est aujourd'hui considérée comme l'une des grandes peintres du XXe siècle, notamment pour ses autoportraits, souvent empreints de douleur et d'isolement. Son allure immédiatement reconnaissable -sourcil unique et épais, lourdes tresses noires, fleuries, robes mexicaines « tehuana » brodées à la main- et l'audace avec laquelle elle les portait ont fait d'elle une véritable icône pop. Au cours des dernières années, son image a toutefois été marquée par une explosion de produits de consommation les plus divers, allant du vernis à ongles et des sacs, aux chaussures et tasses à café et plus encore.