Dernière mise à jour à 16h46 le 21/04
La puce électronique intégralement développée par Pine Cone Electronics, la filiale de Xiaomi, est exposée à Beijing, le 28 février 2017. [Crédit photo : chinadaily.com.cn] |
Selon plusieurs spécialistes du domaine, le temps est venu pour la Chine de promouvoir la recherche et le développement de ses propres puces électroniques dans différents secteurs industriels, soit en lançant des plans d'approvisionnement de l'État, soit en accordant des déductions fiscales aux entreprises chinoises qui font preuve d'innovation dans ce domaine.
Ces remarques ont été faites après que le fabricant chinois d'équipements télécom ZTE Corp n'ait pas reçu l'autorisation du gouvernement américain d'effectuer tout achat de technologies et de puces électroniques américaines pour les sept prochaines années. Cet incident a déclenché une vague d'inquiétudes autour de la forte dépendance de la Chine vis-à-vis des processeurs étrangers, une dépendance qui pourrait menacer les fondations de l'industrie de l'électronique en Chine.
Li Guojie, membre de l'Académie chinoise de l'ingénierie, affirme que l'état de la recherche et du développement des puces en Chine reflète bien le niveau technologique du pays dans son ensemble.
« Cela va prendre du temps pour la Chine de rattraper les pays étrangers qui dominent ce secteur. Mais nous n'avons pas peur de nous confronter aux difficultés technologiques. Ce qui est crucial, c'est que le gouvernement fasse davantage pour promouvoir l'utilisation des puces électroniques dès que le pays saura en fabriquer. Plus ces puces seront utilisées, plus elles s'amélioreront », explique Li à l'occasion d'une rencontre organisée par le Forum des jeunes scientifiques et ingénieurs de l'informatique, une association chinoise à but non lucratif.
Les données officielles montrent que la Chine a dépensé ces dernières années plus de 200 milliards de dollars chaque année pour importer des puces, un chiffre qui dépasse la valeur des importations de pétrole brut. Ces processeurs de petite taille se retrouvent dans les téléphones portables et dans les ordinateurs mais aussi dans les automobiles et dans d'autres équipements dans tout un tas de secteurs.
Hu Weiwu, patron de Loongson, la première entreprise chinoise de microprocesseurs à usage multiple protégés par le droit de propriété intellectuel, déclare : « Nous pouvons transformer la crise que connaît ZTE en une opportunité pour sensibiliser la population sur le rôle important des processeurs et intensifier nos actions pour mettre en avant l'utilisation de puces électroniques développées en Chine. »
Selon lui, des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour développer l'écosystème informatique dans lequel fonctionne ces puces, en ayant recours potentiellement à des subventions du gouvernement.
En 2014, la Chine a mis en place un fonds de 138 milliards de yuans (18 millions d'euros) pour soutenir les fabricants chinois de puces électroniques prometteurs dans le cadre d'une action plus large qui vise à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des géants américains du secteur comme Qualcomm et Intel. Tsinghua Unigroup est l'un des bénéficiaires de ce fonds. L'entreprise a dévoilé un plan de 30 milliards de dollars pour construire une usine de fabrication de puces mémoires à Nanjing.
Du Zide, secrétaire général de la Fédération chinoise de l'informatique, plaide pour que davantage de produits semi-conducteurs développés en Chine soient incorporés dans les plans d'approvisionnement de l'État. Des mesures de déduction fiscale pourraient également être accordées pour soutenir les fabricants de puces prometteurs.