Dernière mise à jour à 09h46 le 20/04
Des scientifiques ont rapporté la « mortalité massive » des coraux sur la Grande Barrière de Corail, dans un nouveau rapport qui affirme que 30% des coraux du récif, inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO, sont morts lors d'une terrible vague de chaleur marine de neuf mois. L'étude, publiée dans Nature et dirigée par le professeur Terry Hughes, directeur du Centre d'excellence ARC pour les études sur les récifs coralliens, a examiné le lien entre le niveau d'exposition à la chaleur, le blanchiment corallien et finalement la mort du corail. L'ampleur et la gravité de la mortalité des coraux enregistrés dans la Grande Barrière de Corail ont surpris même les chercheurs. Le professeur Hughes a déclaré que la vague de chaleur marine de 2016 avait été beaucoup plus dangereuse que les événements de blanchissement historiques, lors desquels environ 5% à 10% des coraux étaient morts.
« Lorsque les coraux blanchissent à cause d'une vague de chaleur, ils peuvent soit survivre et retrouver leur couleur lentement quand la température baisse, ou ils peuvent mourir », a-t-il précisé. « En moyenne sur l'ensemble de la Grande Barrière de Corail, nous avons perdu 30% des coraux au cours de la période de neuf mois entre mars et novembre 2016 ». Les scientifiques ont entrepris de cartographier l'impact de la vague de chaleur marine 2016 sur le corail le long des 2 300 km de la Grande Barrière de Corail. Ils ont établi un lien étroit entre la mort des coraux et les zones où l'exposition à la chaleur était la plus extrême. Le tiers nord du récif a été le plus durement touché.
L'étude a révélé que 29% des 3 863 récifs qui composent la Grande Barrière de Corail ont perdu les deux tiers ou plus de leurs coraux. Selon le professeur Hughes, les chercheurs ont également été surpris de la rapidité avec laquelle certains coraux sont morts du fait de ces températures marines extrêmes. « La pensée conventionnelle est qu'après leur décoloration, les coraux meurent lentement de famine. Ce n'est pas ce que nous avons trouvé. Nous avons été surpris qu'environ la moitié de la mortalité que nous avons mesurée s'est produite très rapidement ». Les chercheurs estiment que la moitié des coraux dans les habitats d'eau peu profonde dans la partie nord de la Grande Barrière de Corail ont été perdus.
« Mais cela laisse encore un milliard de coraux vivants, et en moyenne, ils sont plus durs que ceux qui sont morts. Nous devons nous concentrer d'urgence sur la protection du verre qui est encore à moitié plein, en aidant ces survivants à se rétablir », a déclaré le professeur Hughes. « La Grande Barrière de Corail est certainement menacée par le changement climatique, mais elle n'est pas condamnée si nous réagissons très rapidement aux émissions de gaz à effet de serre. Notre étude montre que les récifs coralliens se déplacent déjà radicalement en réponse à des vagues de chaleur sans précédent ». Il a ajouté que « Si les objectifs de l'accord de Paris sont atteints, le récif survivra comme un mélange de coraux tolérants à la chaleur et de ceux qui peuvent rebondir. La biodiversité sera probablement moindre, la couverture de corail sera probablement réduite », avertissant toutefois que si le réchauffement continue au rythme actuel « Alors c'est fini ».